Quintessence Philosophale Ultime

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La Quintessence Philosophale Ultime (mThar thug yid bzhin snying po) མཐར་ཐུག་ཡིད་བཞིན་སྙིང་པོ།

Signification

mthar thug: ultime; —yid bzhin: philosophale; —snying po: quintessence.

Définition

Ce texte est le deuxième traité appartenant à La Trilogie des Quintessences du Lama Yangtik de Longchenpa. Il est consacré au développement de la capacité à “libérer tout ce que l'on rencontre” (thug phrad) en termes de circonstances (rkyen), dans un état de Clarté naturelle sans trace (rjes med rang gsal).

Huit thèmes sont abordés par Longchenpa dans ce contexte précis, à savoir :

  1. la libération de toute chose au sein de l’état naturel (gnas lugs) ;
  2. la libération de toutes les expériences et visions (nyams snang) ;
  3. la libération des circonstances adverses (rkyen ngan) ;
  4. la libération des objets et des perceptions qui les accompagnent (yul snang) ;
  5. la libération des maladies (na tsha) ;
  6. la libération des démons (‘dre gdon) ;
  7. la libération des cinq poisons (dug lnga) ; et
  8. la libération des doutes quant à la mort.

[1]. La confrontation à l’état naturel — En pratique, l’adepte contemple directement l’Essence de son esprit, que celui-ci soit dans un état de calme ou de mouvement. A terme, il devra reconnaître que, peu importe la présence ou l’absence de discursivité, son Discernement (rig pa), rayonnant et nu, émerge dans un état de totale Transparence (zang thal). En demeurant alors sans aucune distraction, il devrait faire l’expérience de l’émergence naturelle du Corps Absolu (chos sku rang shar), avec la résorption de tous ses concepts au sein de l’Espace (dbyings).

[2]. Le non-attachement aux expériences — Au cours de la Méditation, des expériences de Délice (bde ba), Clarté (gsal ba), Non-discursivité (mi rtog pa), ainsi que des expériences indéfinissables, sont susceptibles d’émerger. L’adepte devra les contempler directement telles qu’elles sont, sans s’attacher à elles. De cette manière, il devrait les voir sans produire la moindre saisie à leur endroit.

[3]. L’intégration des circonstances adverses — Quelles que soient les circonstances adverses auxquelles l’adepte est confronté, qu’il soit battu, volé, insulté, etc., il convient d’observer directement la nature de la conscience qui expérimente ces souffrances pour voir ces dernières s’apaiser naturellement et laisser place à l’émergence de l’expérience de la Vacuité-Clarté (stong gsal), c’est-à-dire de la Sagesse Née-d'elle-même.

[4]. La non-saisie des objets — Lorsque l’esprit est distrait par ses désirs pour les objets des sens, l’adepte doit contempler directement la nature de la conscience qui se focalise sur ces objets, afin de comprendre que celle-ci rayonne naturellement sans être obscurcie par les objets eux-mêmes, en sorte que les six objets des sens sont alors appréhendés comme étant directement libérés des saisies de l’esprit au sein de la Réalité (chos nyid) elle-même.

[5]. La libération des maladies — Lorsque l’adepte tombe malade, il doit faire des souffrances liées à sa maladie les fondements de sa pratique. Il devra ainsi observer directement la conscience en proie à la douleur, afin de comprendre expérimentalement que la cause de la maladie et que l’agent qui éprouve cette dernière n’existent pas. Il devrait ainsi faire l’expérience directe de la nature de sa propre conscience émergeant dans toute sa nudité.

[6]. La libération des démons — Les démons créateurs d’obstacles (bgegs) génèrent des prodiges et lorsque ces prodiges apparaissent, l’adepte doit les observer attentivement afin de les identifier comme des créations démoniaques exemptes de nature propre. De cette manière, il se défera naturellement des objets suscitant la terreur et de l’agent qui éprouve cette dernière. A ce stade, toute forme d’effroi devrait émerger comme le déploiement de la Roue de la Réalité (chos nyid kyi ‘khor lo).

[7]. La libération des cinq poisons — Lorsque l’adepte ne se laisse plus emporter par les pensées liées aux cinq poisons, comme le désir-attachement, etc., et qu’il reconnaît leur émergence, il peut alors contempler directement leur nature et les laisser s’élever comme le déploiement de la Sagesse. Il laissera alors émerger les expériences de Délice, de Clarté, et de Non-discursivité, sans, bien entendu, s’attacher à elles.

[8]. La libération des doutes quant à la mort — Lorsque des doutes à propos de la mort émergent au cours de la pratique ou après les sessions formelles, des concepts de peur envahissent le continuum. A ce moment, l’adepte doit les contempler directement afin de réaliser qu’ils n’ont aucune base sur laquelle s’appuyer et que leur déploiement est à la semblance du ciel, c’est-à-dire infini. En réalisant que les concepts liés à la peur de la mort sont sans fondement, l’adepte expérimente — en lieu et place de ses terreurs antérieures — la Clarté-Vacuité de sa propre Nature et comprend qu’au sein de la Clarté naturelle de son Discernement insubstantiel, il n’existe aucune cause de mort. Ainsi, en demeurant dans la Contemplation de l’Essence de son Discernement, l’adepte réalise expérimentalement que celui-ci est sans naissance ni mort et ce qu’il “voit” (mthong) alors n’est autre que la Sagesse innée et immortelle (‘chi med gnyug ma’i ye shes).

L’idée centrale du texte est de demeurer dans l’expérience de l’état naturel et de contempler attentivement l’émergence des passions, des pensées, des obstacles, etc., afin d’être directement confronté à leur absence de nature propre et de demeurer ainsi dans le dynamisme de l’état naturel au sein duquel les passions émergent en tant que Sagesses.

Le texte est signé par Longchen Rabjam, le Yogi du Véhicule Suprême (theg pa mchog gi rnal 'byor pa).

Références

Bla ma yang tig (sNying thig ya bzhi, Delhi, 1975), vol. 2, pp. 309-313.


Jean-Luc Achard 21 avril 2025 à 09:42 (CEST)