Grande Terre de la Liberté
Grande Terre de la Liberté (grol sa chen po) གྲོལ་ས་ཆེན་པོ།
Signification littérale
—grol: Liberté; —sa: Terre; —chen po: grande.
Définition
La Grande Terre de la Liberté n’est autre que le Fruit ultime (mthar thug ’bras bu) que l’adepte atteint après avoir parcouru la totalité de la Voie (lam). Le parcours de cette Voie dépend des capacités des pratiquants:
- —ceux de capacités supérieures (dbang po rab) le parachève en cette vie;
- —ceux de capacités médianes (dbang po ‘bring) y parviennent au moment de la mort; et
- —ceux de capacités inférieures (dbang po tha ma) l’accomplissent au cours du Bardo, après avoir repris une naissance dans les champs purs du Corps d'Apparition Naturel (rang bzhin sprul sku).
Néanmoins, pour chacune de ces catégories d’adeptes, le Fruit est toujours le même, à savoir : le déploiement des Corps (sku), des Sagesses (ye shes), et des Activités (phrin las).[1]
Ainsi, l’état obtenu au terme de la Voie est celui du Corps Absolu (chos sku) animé des deux puretés (dag pa gnyis ldan),[2] autrement dit l’état de la précieuse Sphère hermétique pure depuis l’origine (ka dag rin po che gsang ba’i sbubs). Toutefois, il importe de comprendre que cet état de libération ultime n’est pas l’expression finale d’une entité unique définie en tant que Corps Absolu : chaque être animé possède son propre Corps Absolu et chacun de ces Corps s’exprime de la même manière, tout comme tous les deux brûlent, mais tous les feux ne sont pas un seul et même feu. Ce Corps se révèle lorsque l’esprit s’est défait de toutes les souillures adventices : on dit alors que le Corps Absolu naturellement pur (rang bzhin rnam dag gi chos sku) est rendu manifeste (mngon du gyur).[3]
A ce moment, l’adepte parvient à l’état de la Parfaite Pureté (byang chub) au sein de l’Espace (dbyings) en lequel les Corps (sku) et les Sagesses (ye shes) apparaissent sans union ni désunion.[4] Il devient alors comme un luminaire ou une lampe (sgron ma) illuminant les confins des dix directions[5] et, sans jamais se départir de l’état du Corps Absolu lui-même, il manifeste le Corps de Jouissance (longs sku) et le Corps d'Apparition (sprul sku), accompagnés de leurs Activités (phrin las) respectives et peut ainsi spontanément parachever le double dessein (don gnyis).[6]
Notes
- ↑ Ces déploiements correspondent respectivement à ceux de l’Essence (ngo bo), de la Nature (rang bzhin), et de la Compassion (thugs rje) de l’état naturel.
- ↑ A savoir: la pureté naturelle (rang bzhin gyis dag pa), et la pureté des souillures adventices (glo bur gyi dri ma dag pa).
- ↑ Ce Corps n'est pas causé par la disparition des souillures, de la même manière que le soleil n'est pas créé par la dissipation des nuages. Le Corps Absolu est permanent (rtag pa), primordialement pur (ka dag), vide (stong pa) et totalement immuable (“gyur ba med pa). Il n'est donc pas créé par qui ou quoi que ce soit.
- ↑ Autrement dit, ils ne sont pas unis à un moment donné ou susceptibles d’être désunis à un autre. C’est une autre manière classique de dire qu’ils sont indifférenciés, tout en conservant les spécificités relatives aux Corps et celles qui caractérisent les Sagesses, les premiers étant les “supports” (rten) des secondes, lesquelles sont alors définies comme “supportées” (brten).
- ↑ Les quatre directions cardinales, les quatre directions intermédiaires, le zénith, et le nadir.
- ↑ C’est-à-dire le bien d’autrui (avec les deux Corps Formels) et le son propre bien (avec le Corps Absolu).
Jean-Luc Achard 18 juin 2025 à 08:14 (CEST)