Claire-Lumière primordiale : Différence entre versions

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Claire-Lumière primordiale (''thog ma'i 'od gsal'')
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La Claire-Lumière primordiale décrite à l'instant est l'équivalent du ''Sugatagarbha'' (''bde gshegs snying po''), c'est-à-dire l'[[état primordial]] et immuable qui s'exprime dans sa [[Réalité]] infinie comme étant vierge d'élaborations (''spros bral''), libre de limitations (''mtha’'') et foncièrement rayonnant de lumières ('''od gsal ba''). Cet état est l'expression de l'indifférenciation des [[Corps]] (''sku'') et des [[Sagesses]] (''ye shes'') qui demeurent sans union ni désunion au sein de l'[[Espace primordial]]. Dans les textes dzogchen, comme par exemple dans le ''[[Commentaire du Trésor Philosophal]]'' de [[Longchenpa]], cet état est défini comme étant le [[Cœur des Bienheureux]].
 
La Claire-Lumière primordiale décrite à l'instant est l'équivalent du ''Sugatagarbha'' (''bde gshegs snying po''), c'est-à-dire l'[[état primordial]] et immuable qui s'exprime dans sa [[Réalité]] infinie comme étant vierge d'élaborations (''spros bral''), libre de limitations (''mtha’'') et foncièrement rayonnant de lumières ('''od gsal ba''). Cet état est l'expression de l'indifférenciation des [[Corps]] (''sku'') et des [[Sagesses]] (''ye shes'') qui demeurent sans union ni désunion au sein de l'[[Espace primordial]]. Dans les textes dzogchen, comme par exemple dans le ''[[Commentaire du Trésor Philosophal]]'' de [[Longchenpa]], cet état est défini comme étant le [[Cœur des Bienheureux]].
  
Littéralement, en tibétain, l'expression originale ''bde gshegs snying po'' signifie la quintessence (''snying po'') de ceux qui parcourent (''gshegs'') le Délice (''bde ba''). La notion associée à “ceux qui parcourent” indique qu'il s'agit d'un état qu'ils (les [[Bienheureux]]) ont déjà atteint et dont ils jouissent pleinement dans le déploiement de leurs [[Corps]] et de leurs [[Sagesses]]. Le [[Délice]] qu'ils expérimentent est le Délice spontané de l'[[état naturel]] qui est prégnant des modalités libératrices de l'[[Eveil,]] celles-ci étant toujours associées aux “Délices” plutôt qu'aux souffrances (''sdug bsngal'') qui caractérisent l'état de ceux qui, précisément, ne sont pas entrés dans la [[Voie]].
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Littéralement, en tibétain, l'expression originale ''bde gshegs snying po'' signifie la quintessence (''snying po'') de ceux qui parcourent (''gshegs'') le Délice (''bde ba''). La notion associée à “ceux qui parcourent” indique qu'il s'agit d'un état qu'ils (les [[Bienheureux]]) ont déjà atteint et dont ils jouissent pleinement dans le déploiement de leurs [[Corps]] et de leurs [[Sagesses]]. Le [[Délice]] qu'ils expérimentent est le Délice spontané de l'[[état naturel]] qui est prégnant des modalités libératrices de l'[[Eveil]], celles-ci étant toujours associées aux “Délices” plutôt qu'aux souffrances (''sdug bsngal'') qui caractérisent l'état de ceux qui, précisément, ne sont pas entrés dans la [[Voie]].
  
La quintessence (''snying po'') est l'expression de l'indifférenciation du [[Vide]] et de la [[Clarté]] naturellement et spontanément présents au sein du [[Discernement]] lui-même. Cette quintessence est souvent qualifiée de principielle (dans des expressions telles que ''don gyi snying po'', etc.) parce qu'elle est le synonyme même de l'[[état naturel]] et de sa connaissance non-discursive.
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La quintessence (''snying po'') est l'expression de l'indifférenciation du [[Vide]] et de la [[Clarté]] naturellement et spontanément présents au sein du [[Discernement]] lui-même. Cette quintessence est souvent qualifiée de principielle (dans des expressions telles que ''don gyi snying po'', etc.) parce qu'elle est le synonyme même de l'[[état naturel]] et de sa connaissance non discursive.
  
 
Jean-Luc Achard 26 juin 2017 à 21:17 (CEST)
 
Jean-Luc Achard 26 juin 2017 à 21:17 (CEST)
 
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Version actuelle datée du 3 juin 2023 à 20:13

Claire-Lumière primordiale (thog ma'i 'od gsal) ཐོག་མའི་འོད་གསལ།

Signification littérale

thog ma'i: primordial + marque du génitif; — ‘od: lumière; — gsal: clair, claire.

Définition par Longchenpa

Dans son Trésor Philosophal (Yid begin mdzod), Longchenpa présente cet aspect de la Claire-Lumière dans les termes suivants:

La Claire-Lumière primordiale, le Cœur des Bienheureux lui-même,
Est la Base Universelle absolue dont la nature est inconditionnée ;
En (cet état) parfaitement pur depuis l’origine, semblable au soleil et au ciel,
L’ignorance, imputée, est une nuée d’obscurcissements soudains
Qui fait se lever les latences de l’égarement dualiste en sorte que
Les imprégnations se concrétisent en objets, principes, et corps,
Obscurcissant la quintessence de la Claire-Lumière, qui est nature du Discernement.

Commentaire

Le premier vers permet de définir la Claire-Lumière primordiale sans ambiguité. Ce vers doit s'interpréter de la manière suivante:

La Claire-Lumière primordiale, (...)

La notion de Claire-Lumière (‘od gsal) renvoie à l'expression purissime et originelle de la nature de l'esprit. Celle-ci est dite “primordiale” (thog ma) dans le sens où elle relève de l'Essence (ngo bo) atemporelle qui est caractérisée comme vide (stong pa) et primordialement pure (ka dag). Les textes et les enseignements oraux du Dzogchen la comparent fréquemment au ciel non composé ('du ma byas), infini (mtha' yas), vide et foncièrement insaisissable car par nature dénué de soi (bdag med).

Cet état de Vide primordial sans racine (ye stong rtsa bral) rayonne comme le soleil et la lune dans le ciel, en sorte que l'Espace primordial du Vide se trouve gorgé d'une Claire-Lumière spontanément accomplie ('od gsal lhun gyis grub pa) qui est totalement indifférenciée de l'Essence même de l'esprit.

Il y a ainsi deux modalités indifférenciables à prendre en compte : 1. l'aspect associé à l'Espace (dbyings) qualifié de vide et de primordialement pur, qui fait que l'Essence de l'esprit s'exprime ainsi depuis des âges sans commencement et qu'elle demeure totalement vierge de fluctuations; et 2. l'aspect associé au Discernement (rig pa) de ce même état, qui s'exprime dans le rayonnement d'une Clarté spontanée et vierge de toute prolifération discursive.

L'expression de cet Espace-Discernement (dbyings rig) est très certainement la description la plus précise qui soit des principes de la Grande Perfection. Si on l'analyse attentivement, on verra que l'on peut mettre en parallèle avec elle tout un ensemble de représentations doubles qui jouent un rôle considérable dans le Dzogchen, comme les notions de Vide et de Clarté, de Corps et de Sagesse, d'Essence et de Nature, d'Eradication de la Rigidité et de Franchissement du Pic, etc.

(...) le Cœur des Bienheureux lui-même,

La Claire-Lumière primordiale décrite à l'instant est l'équivalent du Sugatagarbha (bde gshegs snying po), c'est-à-dire l'état primordial et immuable qui s'exprime dans sa Réalité infinie comme étant vierge d'élaborations (spros bral), libre de limitations (mtha’) et foncièrement rayonnant de lumières ('od gsal ba). Cet état est l'expression de l'indifférenciation des Corps (sku) et des Sagesses (ye shes) qui demeurent sans union ni désunion au sein de l'Espace primordial. Dans les textes dzogchen, comme par exemple dans le Commentaire du Trésor Philosophal de Longchenpa, cet état est défini comme étant le Cœur des Bienheureux.

Littéralement, en tibétain, l'expression originale bde gshegs snying po signifie la quintessence (snying po) de ceux qui parcourent (gshegs) le Délice (bde ba). La notion associée à “ceux qui parcourent” indique qu'il s'agit d'un état qu'ils (les Bienheureux) ont déjà atteint et dont ils jouissent pleinement dans le déploiement de leurs Corps et de leurs Sagesses. Le Délice qu'ils expérimentent est le Délice spontané de l'état naturel qui est prégnant des modalités libératrices de l'Eveil, celles-ci étant toujours associées aux “Délices” plutôt qu'aux souffrances (sdug bsngal) qui caractérisent l'état de ceux qui, précisément, ne sont pas entrés dans la Voie.

La quintessence (snying po) est l'expression de l'indifférenciation du Vide et de la Clarté naturellement et spontanément présents au sein du Discernement lui-même. Cette quintessence est souvent qualifiée de principielle (dans des expressions telles que don gyi snying po, etc.) parce qu'elle est le synonyme même de l'état naturel et de sa connaissance non discursive.

Jean-Luc Achard 26 juin 2017 à 21:17 (CEST)