Plein Eveil primordial

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Plein Eveil primordial (ye sangs rgyas pa) ཡེ་སངས་རྒྱས་པ།

Signification littérale

ye : originel, primordial ; —sangs rgyas pa : Plein Eveil.

Définition

Le Plein Eveil primordial renvoie à la nature de l’esprit et se conçoit comme un potentiel déjà libéré (des passions, de l’ignorance, etc.) depuis l’origine, en sorte qu’il n’est pas nécessaire de répéter ou de réitérer (bskyar ba) le processus éventuel de libération pour l’expérimenter.[1]

Cette modalité du Plein Eveil fait référence à l’état de la Grande Perfection naturelle, c’est-à-dire la véritable nature de l’esprit exprimée en tant que Discernement (rig pa). Ce dernier est défini comme une sapience animée par une Essence vide (ngo bo stong pa), une Nature lumineuse (rang bzhin gsal ba), et une Compassion sans entrave (thugs rje ‘gags pa med pa). Ainsi, l’état dans lequel l’adepte se trouve lorsqu’il demeure dans l’expérience non régressive de ce Discernement est celui dit de la Contemplation du Plein Eveil primordial (ye nas sangs rgyas pa’i dgongs pa).

Son Essence est vide parce que cet état ne dépend pas du Saṃsāra, du Nirvāṇa, des vertus, des non-vertus, des acceptions, des rejets, des espoirs, des craintes, etc. Il ne peut être discursivement identifié et s’avère sans concept, sans absence de concept, sans matérialité, sans caractéristique, sans nature conditionnée, sans mode d’être particulier, sans Base, sans Voie, sans Fruit, sans souillure, sans absence de souillure, sans début ni fin, sans centre, etc. Fondamentalement, cette Essence est telle que l’état du Plein Eveil primordial ne peut être établi en fonction d’aucune prolifération (spros pa).

Du point de vue de sa Nature, le Discernement est animé de Corps et de Sagesses qui en sont l’expression authentique. Et du point de vue de sa Compassion, il s’exprime comme la base des multiples modalités de l’esprit (pensées, concepts, etc.) exempte de toute limite.

Concrètement, ce Plein Eveil primordial correspond donc à notre potentiel d’Eveil et est associé à la Base (gzhi) de l’état naturel. Grâce à la pratique, ce potentiel est rendu graduellement manifeste et s’exprime alors comme le Plein Eveil manifeste (mngon sangs rgyas pa) associé à la Voie. Enfin, lorsque la Voie est parcourue jusqu’à son terme, cet Eveil s’exprime comme le Plein Eveil parfait (rdzogs sangs rgyas pa) et est associé au Fruit.

Note

  1. Cette définition initiale ne nie pas la nécessité du parcours de la Voie. Elle signifie simplement que cet aspect du Plein Eveil n’est pas quelque chose à acquérir nouvellement et qu’il n’est pas nécessaire de se défaire des passions éventuelles pour en faire l’expérience. Ce potentiel est déjà présent en nous. Toutefois, pour l’expérimenter pleinement — sur un mode effectivement libérateur —, il convient de s’engager dans la pratique de la Voie. L’image fréquemment employée pour le définir est celle du beurre qui se trouve potentiellement dans le lait: faute de baratter ce dernier, on n’obtiendra jamais de beurre. Pareillement, sans la pratique de la Voie, cet Eveil restera un potentiel et ne deviendra pas une réalité patente.

Jean-Luc Achard 29 avril 2024 à 17:24 (CEST)