Trente-trois conceptions indicatives de la colère-aversion

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Les trente-trois conceptions indicatives de la colère-aversion (zhe sdang kun rtog sum cu rtsa gsum) ཞེ་སྡང་ཀུན་རྟོག་སུམ་ཅུ་རྩ་གསུམ།

Signification littérale

zhe sdang : colère-aversion ; —kun rtog : conceptions indicatives ; —sum cu rtsa gsum : trente-trois.

On trouve encore l’expression “trente-trois catégories de hordes conceptuelles dérivées de la colère-aversion” (zhe sdang las gyur pa’i rtog tshogs kyi bye brag sum cu rtsa gsum).[1]

Définition

Au moment de la mort, le souffle de l’élément eau — garant inter alia du développement de l’éclat du corps au cours de la vie — se résorbe dans le souffle de l’élément feu. A ce moment, le corps perd son éclat, tandis que les sécrétions du nez et de la bouche s’assèchent définitivement. A cet instant précis, le mourant expérimente l’esprit d'apparence blanche caractérisé par la dissolution de trente-trois conceptions indicatives de la colère-aversion.

Enumération

Ces trente-trois conceptions, qui disparaissent avec l’émergence de l’esprit d'apparence blanche, sont :

  1. l’absence faible de désir-attachement, ,[2]
  2. l’absence médiane de désir-attachement,[3]
  3. l’absence totale de désir-attachement,[4]
  4. les allées et venues du mental,[5]
  5. la souffrance faible,[6]
  6. la souffrance médiane,[7]
  7. la souffrance extrême,[8]
  8. la paix,[9]
  9. la discursivité,[10]
  10. la peur faible,[11]
  11. la peur médiane,[12]
  12. la peur extrême,[13]
  13. l’envie faible,[14]
  14. l’envie moyenne,[15]
  15. l’envie intense, ,[16]
  16. l’appropriation,[17]
  17. les non-vertus,[18]
  18. la faim,[19]
  19. la soif,[20]
  20. les sensations faibles,[21]
  21. les sensations médianes,[22]
  22. les sensations extrêmes,[23]
  23. l’agent connaisseur,[24]
  24. l’objet saisi par l’agent,[25]
  25. la discrimination, [26]
  26. la pudeur,[27]
  27. la miséricorde,[28]
  28. l’affection faible,[29]
  29. l’affection médiane,[30]
  30. l’affection extrême,[31]
  31. l’anxiété[32]
  32. l’accumulation,[33] et
  33. la jalousie.[34]

Notes

  1. Voir inter alia, rTse le sNa tshogs rang grol, Bar do spyi’i don, vol. 7, pp. 464-465.
  2. Les états d’esprit ou pensées présentant une absence de désir de faible intensité ne s’élèvent plus dans le continuum.
  3. Avec la disparition de cette deuxième conception, les pensées caractérisées par une intensité médiane d’absence de désir pour les objets disparaissent.
  4. La disparition de cette troisième conception se traduit par le fait que les pensées caractérisées par une intensité extrême d’absence de désir pour les objets ne s’élèvent plus dans le continuum.
  5. C’est-à-dire l’ensemble des proliférations consistant dans les mouvements de l’esprit vers les objets extérieurs et les objets intérieurs (sur lesquels il prolifère en de continuelles spéculations). A ce stade, ces mouvements discursifs s’interrompent définitivement.
  6. C’est-à-dire la souffrance résultant de la séparation d’avec un objet attirant. A ce stade du processus de mort, les pensées indicatives de cette souffrance sont définitivement interrompues.
  7. Les pensées indicatives de cette souffrance d’intensité médiane ne s’élèvent plus.
  8. Les pensées indicatives de cette souffrance d’intensité extrême n’émergent plus dans le continuum.
  9. L’esprit perd la sensation de paix intérieure. Cela signifie que les pensées liées à la sensation de paix n’émergent plus.
  10. L’esprit ne prolifère plus à propos des objets qu’il perçoit et ne se perd donc plus dans les méandres de la discursivité.
  11. Ici, la notion de peur fait référence à la crainte de venir à la rencontre d’un objet (ou d’une personne) causant ordinairement la peur. Les pensées associées à ce sentiment d’effroi ne s’élèvent plus.
  12. Les pensées liées à un sentiment de peur d’intensité médiane n’émergent plus.
  13. Les pensées associées à un sentiment de peur extrême ne s’élèvent plus.
  14. Le mourant perd toute sensation de désir et d’attachement, le déroulement des dissolutions des éléments pulvérisant toute envie, en sorte que l’esprit ne connaît plus de pensée émergeant avec cette teinte associée au désir et à l’attachement. A ce stade, l’esprit n’éprouve plus de désir pour les objets des sens.
  15. Les conceptions relatives aux désirs d’intensité moyenne disparaissent.
  16. Les conceptions relatives aux désirs d’intensité extrême disparaissent.
  17. Les états d’esprit caractérisés par la saisie d’objets sensoriels du Domaine du Désir disparaissent définitivement.
  18. Les pensées caractérisées par l’absence de vertu ne s’élèvent plus.
  19. Les pensées associées à l’envie de se restaurer n’émergent plus.
  20. Les pensées associées à l’envie de se désaltérer ne s’élèvent plus.
  21. Les états d’esprit relevant de cette catégorie sont définis comme des pensées associées à des sensations de plaisir, de souffrance, et d’expériences neutres.
  22. Les pensées liées aux sensations intermédiaires de plaisir, de souffrance, et les sensations neutres ne s’élèvent plus.
  23. Les pensées caractérisées par des sensations intenses de plaisir, de souffrance, et les sensations neutres n’émergent plus.
  24. La conception d’un agent connaisseur, c’est-à-dire d’un agent engagé dans l’appréhension d’objets, n’émerge plus.
  25. La conception d’un objet saisi par l’agent, c’est-à-dire d’un objet appréhendé par un agent connaisseur, ne s’élève plus.
  26. Les conceptions relatives aux analyses portant sur la nature des choses disparaissent définitivement.
  27. Avec le processus de mort, le mourant ne se préoccupe plus de notions comme la pudeur, la honte, la désapprobation, les interdits, etc.
  28. Les pensées exprimant une aspiration pleine de compassion à libérer les êtres de ce qui cause leurs souffrances disparaissent.
  29. Les conceptions manifestant une affection de faible intensité pour les personnes ou les objets des sens disparaissent.
  30. Les conceptions de même nature, avec une intensité médiane, disparaissent également.
  31. Les conceptions similaires présentant une intensité extrême ne s’élèvent plus non plus.
  32. Lit. “ce qui est accompagné de doutes (dogs pa dang bcas pa). Avec le processus de mort, l’esprit ne demeure plus dans une sensation de certitude et se trouve emporté par la force du karma.
  33. Les pensées relatives à l’accumulation de possessions et de richesses ne s’élèvent plus.
  34. L’esprit n’est plus perturbé par la jalousie relative aux possessions d’autrui, à leurs richesses, leur famille, etc.

Références

rTse le sNa tshogs rang grol, Bar do spyi don thams cad rnam pa gsal bar byed pa dran pa’i me long zhes bya ba, in rTse le sna tshogs rang grol gyi gsung ‘bum, vol. 7, Dharma Publishing, n.p., 2022, pp. 447-522.


Jean-Luc Achard 21 août 2023 à 17:23 (CEST)