Peltrül Rinpoche : Différence entre versions

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Peltrül Rinpoche est né en l'année Dragon-Terre (1808) dans une famille du clan Gyelthok vivant dans les patûrages nordiques du Khams et apparte�nant au district de Getse Dzachukha. Dodrupchen Jigme Thrinle Özer (1745–1821)� le re�connut comme une incarnation de Pelghe Samten Phuntsok� et lui donna le nom de Orgyen Jigmé Chökyi Wangpo.
 
  
Dès son jeune âge, il maîtrisa sans difficulté l'écriture et la lecture, puis il prit l'ordination auprès de Khen Sherab Zangpo. Il étudia ensuite de nom�breux traités appartenant aux Sūtras et aux tantras, comme la ''[[Triologie de l'Aise Na�turelle]]'' (''Ngal gso skor gsum'', de [[Longchenpa]], 1308-1364)�, le ''Bodhicāryāvatara''�, ainsi que le Tantra-racine de la ''[[Matrice du Mystère]]'' (''gSang ba snying po'')�, etc., au�près de maîtres tels que  Dola Jigme Kelzang, Jigme Ngotsar, et Gyelse Zhenphen Thaye (1800–?). Il se per�fectionna également dans la connaissance des sciences physiques et des techniques. Il reçut ensuite une première fois la trans�mission du ''Kanjur'' et d'autres textes relevant de la science du langage. Son érudition le mena à l'étude d'œuvres comprennant aussi bien les collec�tions cano�niques du ''Kanjur'' et du ''Tenjur'' que celles écrites par Longchenpa, ''Jigme Lingpa'' (1729–1794), Sakya Pan�dita (1182–1251) et Tsongkhapa (1357-1419).
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Peltrül Rinpoche est né en l'année Dragon-Terre (1808) dans une famille du clan Gyelthok vivant dans les patûrages nordiques du Khams et appartenant au district de Getse Dzachukha. Dodrupchen Jigme Thrinle Özer (1745–1821) le reconnut comme une incarnation de Pelghe Samten Phuntsok et lui donna le nom de Orgyen Jigmé Chökyi Wangpo.
  
De [[Jigme Gyelwai Nyugu]] (ca.1750–1825)�, il reçut à plus de vingt reprises les ensei�gne�ments et les instructions préliminaires du ''[[Longchen Nyingthik]]''. A cela s'ajoutèrent les pré�ceptes sur les Canaux et les Souffles ainsi que les instruc�tions Dzogchen et d'une manière plus générale, tous les enseignements appar�tenant à la tradition ''Kama''. Il reçut aussi une confrontation à la nature du [[Discernement]] ''rig pa'') du maître Do Khyentse Yeshe Dorje (1800–1859/66)� et il put de la sorte cultiver avec une grande facilité son entraî�nement sur les Canaux et les Souffles selon le cycle du ''[[Longchen Nyingthik]]''.
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Dès son jeune âge, il maîtrisa sans difficulté l'écriture et la lecture, puis il prit l'ordination auprès de Khen Sherab Zangpo. Il étudia ensuite de nombreux traités appartenant aux Sūtras et aux tantras, comme la ''[[Triologie de l'Aise Naturelle]]'' (''Ngal gso skor gsum'', de [[Longchenpa]], 1308-1364), le ''Bodhicāryāvatara'', ainsi que le Tantra-racine de la ''[[Matrice du Mystère]]'' (''gSang ba snying po''), etc., auprès de maîtres tels que  Dola Jigmé Kelzang, Jigme Ngotsar, et Gyelsé Zhenphen Thayé (1800–?). Il se perfectionna également dans la connaissance des sciences physiques et des techniques. Il reçut ensuite une première fois la transmission du ''Kanjur'' et d'autres textes relevant de la science du langage. Son érudition le mena à l'étude d'œuvres comprennant aussi bien les collections canoniques du ''Kanjur'' et du ''Tenjur'' que celles écrites par Longchenpa, ''Jigme Lingpa'' (1729–1794), Sakya Pandita (1182–1251) et Tsongkhapa (1357-1419).
  
Il se retira par la suite dans des ermitages dépendants du site du monas�tère de Dzogchen comme par exemple la Grotte de Pratique de Yamantaka si�tué dans la chaîne des glaciers de Rudam. Il s'abîma avec tant d'intensité dans la pratique que sa réalisation en vint à égaler le ciel.
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De [[Jigme Gyelwai Nyugu]] (ca.1750–1825), il reçut à plus de vingt reprises les enseignements et les instructions préliminaires du ''[[Longchen Nyingthik]]''. A cela s'ajoutèrent les préceptes sur les Canaux et les Souffles ainsi que les instructions Dzogchen et d'une manière plus générale, tous les enseignements appartenant à la tradition ''Kama''. Il reçut aussi une confrontation à la nature du [[Discernement]] ''rig pa'') du maître Do Khyentse Yeshe Dorje (1800–1859/66) et il put de la sorte cultiver avec une grande facilité son entraînement sur les Canaux et les Souffles selon le cycle du ''[[Longchen Nyingthik]]''.
  
A trente ans, il décida de quitter ses retraites altières pour se rendre à Ser�thal (Khams septentrional où réside actuellement Sogyel Rinpoche Khempo Jigmé), mais aussi dans le Yarlung, ainsi qu'à Pema Kö où il transmit les en�sei�gnements de la ''Matrice du Mystère'' à une grande foule de prati�quants. Dans certains éta�blis�sements religieux de Serthal et des environs, il donna la trans�mission du ''Bodhicā�ryāvatara'', du ''Mani Kambum�'', ainsi que nombre d'autres en�seigne�ments. Sa pré�sence mit un terme aux agissements de voleurs et de ma�landrins qui remet�taient en cause la paix régionale et il fut aussi l'instrument principal qui permit l'inter�diction de sacrifices sanglants caractéri�sant cer�taines coutûmes lo�cales.
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Il se retira par la suite dans des ermitages dépendants du site du monastère de Dzogchen comme par exemple la Grotte de Pratique de Yamantaka situé dans la chaîne des glaciers de Rudam. Il s'abîma avec tant d'intensité dans la pratique que sa réalisation en vint à égaler le ciel.
  
Au terme de son action en ces contrées, il se rendit à Dzamthang� il re�çut les enseignements sur la Sextuple Union (''sbyor drug'')� de Ngawang Chöjor, natif du Tsang. Il quitta ensuite la région de Dzamthang pour se rendre dans le Mi�nyag, où il participa à des débats sur la Prajñāpāramitā avec le geshe de Dra, Tsültrim Namgyel, puis, il erra sans but ni résidence, aban�donnant ainsi toute activité pour se consacrer simplement à celle du bien des êtres. Ses pér�égrinations le me�nèrent au collège de Śrī Siṃha appartenant au monastère de Dzogchen, ainsi qu'à Pemai Thang où il tourna à de nombreuses reprises la roue de la loi des En�seignements de Maitreya (''Byams chos'')�, du Madhyamaka, de l'Abhi�dharma, du Tantra de la ''Matrice du Mystère'', du ''Trésor des Qualités Salvatrices'' ([[Yon tan mdzod]])�, de la ''Définition des trois Vœux�'', etc.  
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A trente ans, il décida de quitter ses retraites altières pour se rendre à Serthal (Khams septentrional réside actuellement Sogyel Rinpoche Khempo Jigmé), mais aussi dans le Yarlung, ainsi qu'à Pema Kö où il transmit les enseignements de la ''Matrice du Mystère'' à une grande foule de pratiquants. Dans certains établissements religieux de Serthal et des environs, il donna la transmission du ''Bodhicāryāvatara'', du ''Mani Kambum'', ainsi que nombre d'autres enseignements. Sa présence mit un terme aux agissements de voleurs et de malandrins qui remettaient en cause la paix régionale et il fut aussi l'instrument principal qui permit l'interdiction de sacrifices sanglants caractérisant certaines coutûmes locales.
  
Un jour, alors que le tertön [[Chokgyyur Dechen Lingpa]] (1829–1870) donnait la transmission de son ''terma'' intitulé ''L'union équanime des Buddhas et des Heru�kas'' (''bDe mchog sangs rgyas mnyam sbyor''), Chokgyur Lingpa lui-même insitua Pel�trül comme le détenteur des enseignements de ce Trésor, ainsi que de celui des ''[[L'Essence Perlée des Trois Clans]]'' (''Rigs gsum snying thig'')� : il lui confia par là l'in�té�gralité des initiations, conseils et instruc�tions orales apparte�nant à ces cycles.
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Au terme de son action en ces contrées, il se rendit à Dzamthang où il reçut les enseignements sur la Sextuple Union (''sbyor drug'') de Ngawang Chöjor, natif du Tsang. Il quitta ensuite la région de Dzamthang pour se rendre dans le Minyag, où il participa à des débats sur la Prajñāpāramitā avec le geshe de Dra, Tsültrim Namgyel, puis, il erra sans but ni résidence, abandonnant ainsi toute activité pour se consacrer simplement à celle du bien des êtres. Ses pérégrinations le menèrent au collège de Śrī Siṃha appartenant au monastère de Dzogchen, ainsi qu'à Pemai Thang où il tourna à de nombreuses reprises la roue de la loi des Enseignements de Maitreya (''Byams chos''), du Madhyamaka, de l'Abhidharma, du Tantra de la ''Matrice du Mystère'', du ''Trésor des Qualités Salvatrices'' ([[Yon tan mdzod]]), de la ''Définition des trois Vœux'', etc.  
  
A la suite de cette rencontre, il se rendit à Kathok Dorjeden� et à la re�quête répétée de Situ Choktrül Chökyi Lodrö et d'autres maîtres, il donna la trans�mis�sion du ''Bohicāryāvatara'' ; il ne tarda pas à la poursuivre dans des monas�tères Gelukpa de la région et sa prédication fut louée par les grands sa�vants de ces établis�sements.
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Un jour, alors que le tertön [[Chokgyyur Dechen Lingpa]] (1829–1870) donnait la transmission de son ''terma''  intitulé ''L'union équanime des Buddhas et des Herukas'' (''bDe mchog sangs rgyas mnyam sbyor''), Chokgyur Lingpa lui-même insitua Peltrül comme le détenteur des enseignements de ce Trésor, ainsi que de celui des ''[[L'Essence Perlée des Trois Clans]]'' (''Rigs gsum snying thig'') : il lui confia par là l'intégralité des initiations, conseils et instructions orales appartenant à ces cycles.
  
Les abords du monastère de Dzagyel Gön furent alors son lieu de prédi�ca�tion attitré. Tout au long de sa vie, Peltrül Rinpoche eut à cœur de prati�quer l'écoute, la réflexion et la méditation pour son propre bénéfice mais aussi de culti�ver les explications, les disputations et les compositions pour le bien d'autrui. Dans le Khams tout entier, il s'investit totalement dans la diffu�sion du ''Bohicāryāvatara'' , des ''Enseignements de Maitreya'' (''Byams chos''), du ''Trésor des Qualités'', mais il œuvra aussi grandement à la diffusion de la ''Matrice du Mys�tère'', ainsi qu'aux ins�tructions sur les Canaux et les Souffles telles qu'elles sont exposées dans le ''Longchen Nyingthik''. C'est en vertu même de sa grande bien�veillance que ces ensei�gnements se répandirent à nouveau et avec plus de force qu'ils ne l'avaient fait jus�qu'alors. Parmi ses disciples de l'école Nyingmapa dont il faut parler à présent, les plus importants dans l'œuvre de dif�fusion des enseignements de l'Essence Adaman�tine de la Claire-Lumière (expression générique qualifiant le Dzogchen) furent :
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A la suite de cette rencontre, il se rendit à Kathok Dorjeden et à la requête répétée de Situ Choktrül Chökyi Lodrö et d'autres maîtres, il donna la transmission du ''Bohicāryāvatara'' ; il ne tarda pas à la poursuivre dans des monastères Gelukpa de la région et sa prédication fut louée par les grands savants de ces établissements.
  
— Situ Choktrül Chökyi Lodrö du mo�nastère de Kathok ,  
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Les abords du monastère de Dzagyel Gön furent alors son lieu de prédication attitré. Tout au long de sa vie, Peltrül Rinpoche eut à cœur de pratiquer l'écoute, la réflexion et la méditation pour son propre bénéfice mais aussi de cultiver les explications, les disputations et les compositions pour le bien d'autrui. Dans le Khams tout entier, il s'investit totalement dans la diffusion du ''Bohicāryāvatara'' , des ''Enseignements de Maitreya'' (''Byams chos''), du ''Trésor des Qualités'', mais il œuvra aussi grandement à la diffusion de la ''Matrice du Mystère'', ainsi qu'aux instructions sur les Canaux et les Souffles telles qu'elles sont exposées dans le ''Longchen Nyingthik''. C'est en vertu même de sa grande bienveillance que ces enseignements se répandirent à nouveau et avec plus de force qu'ils ne l'avaient fait jusqu'alors. Parmi ses disciples de l'école Nyingmapa dont il faut parler à présent, les plus importants dans l'œuvre de diffusion des enseignements de l'Essence Adamantine de la Claire-Lumière (expression générique qualifiant le Dzogchen) furent :
— le Cin�quième Dzogchen Rinpoche (Thubten Chödor),  
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— Künzang Thek�chok Dorje du Gyarong,  
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— Situ Choktrül Chökyi Lodrö du monastère de Kathok ,  
— les Deuxième et Troisième Dodrubchen Rinpoche�,  
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— le Cinquième Dzogchen Rinpoche (Thubten Chödor),  
— De�chen Rigpai Reldri (le fils de Do Khyentse),  
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— Künzang Thekchok Dorje du Gyarong,  
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— les Deuxième et Troisième Dodrubchen Rinpoche,  
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— Dechen Rigpai Reldri (le fils de Do Khyentse),  
 
— Choktrül Zhenphen Chökyi Nangwa (1871-1927),  
 
— Choktrül Zhenphen Chökyi Nangwa (1871-1927),  
— Drodül Pawo Dorje (alias Adzom Drukpa Rinpoche, 1842-1924),  
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— Drodül Pawo Dorje (alias Adzom Drukpa Rinpoche, 1842-1924),  
 
— Tertön Lerab Lingpa (1856-1926),  
 
— Tertön Lerab Lingpa (1856-1926),  
— Ju Mipham Nam�gyel (1846-1912),  
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— Ju Mipham Namgyel (1846-1912),  
 
— Khenchen Pema Damchö Özer,  
 
— Khenchen Pema Damchö Özer,  
— Nyoshul Lung�tok (1829-1901),  
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— Nyoshul Lungtok (1829-1901),  
 
— Ala Dongak Gyamtso, etc.  
 
— Ala Dongak Gyamtso, etc.  
  
Il eut aussi des disciples parmi les écoles réformées et notamment des élèves Gelukpa et Kagyüpa parmi lesquels il faut mentionner Shershul Lha�rampa Thub�ten, Pelpung Lama Tashi Özer, Ju Lama Drakpa Gyeltsen, etc.
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Il eut aussi des disciples parmi les écoles réformées et notamment des élèves Gelukpa et Kagyüpa parmi lesquels il faut mentionner Shershul Lharampa Thubten, Pelpung Lama Tashi Özer, Ju Lama Drakpa Gyeltsen, etc.
  
Au terme de sa vie, Peltrül Rinpoche s'évanouit dans l'Espace Absolu, le dix-huitième jour du mois d'Avril en l'an Cochon-Feu (1887). Malheu�reusement pour sa descendance spirituelle, nombre de ses enseigne�ments se sont éparpillés à tra�vers le Tibet et d'autres sont restés dans les mains de pieux dis�ciples ce qui a, semble-t-il, empêché pendant un temps la réunion de ses œuvres com�plètes en une seule collection. Plusieurs de ses compositions sont néanmoins deve�nues des classiques comme ses commentaires sur le ''Bodhicāryāvatara'' et le ''Trésor des Quali�tés'', mais aussi et plus sûrement son ar�rangement des prélimi�naires du ''Longchen Nyingthik'' sous-titré ''Les Conseils du maître Samantabhadra'' (''Kun bzang bla ma'i zhal lung'')et surtout son traité sur le ''[[Testament de Garab Dorje]]'' intitulé ''[[Le Docte et Glorieux Roi]]'' (''mKhas pa shrî rgyal po''). Un volume ré�cent a été publié en 1992 sous le titre de ''Morceaux choisis des œuvres et poèmes de Peltrül'' (''dPal sprul snyan rtsom gces btus)'' et com�prend plus d'une vingtaine de compositions et ins�tructions personnelles don�nées à ses dis�ciples�.
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Au terme de sa vie, Peltrül Rinpoche s'évanouit dans l'Espace Absolu, le dix-huitième jour du mois d'Avril en l'an Cochon-Feu (1887). Malheureusement pour sa descendance spirituelle, nombre de ses enseignements se sont éparpillés à travers le Tibet et d'autres sont restés dans les mains de pieux disciples ce qui a, semble-t-il, empêché pendant un temps la réunion de ses œuvres complètes en une seule collection. Plusieurs de ses compositions sont néanmoins devenues des classiques comme ses commentaires sur le ''Bodhicāryāvatara'' et le ''Trésor des Qualités'', mais aussi et plus sûrement son arrangement des préliminaires du ''Longchen Nyingthik'' sous-titré ''Les Conseils du maître Samantabhadra'' (''Kun bzang bla ma'i zhal lung'') et surtout son traité sur le ''[[Testament de Garab Dorje]]'' intitulé ''[[Le Docte et Glorieux Roi]]'' (''mKhas pa shrî rgyal po''). Un volume récent a été publié en 1992 sous le titre de ''Morceaux choisis des œuvres et poèmes de Peltrül'' (''dPal sprul snyan rtsom gces btus)'' et comprend plus d'une vingtaine de compositions et instructions personnelles données à ses disciples.
  
 
== Bibliographie ==
 
== Bibliographie ==
 
Jean-Luc Achard, ''Le Docte et Glorieux Roi'', Les Deux Océans, Paris, 2001.
 
Jean-Luc Achard, ''Le Docte et Glorieux Roi'', Les Deux Océans, Paris, 2001.

Version du 27 mai 2017 à 19:53

Peltrül Rinpoche — Orgyen Jigmé Chökyi Wangpo, 1808–1887


Peltrül Rinpoche est né en l'année Dragon-Terre (1808) dans une famille du clan Gyelthok vivant dans les patûrages nordiques du Khams et appartenant au district de Getse Dzachukha. Dodrupchen Jigme Thrinle Özer (1745–1821) le reconnut comme une incarnation de Pelghe Samten Phuntsok et lui donna le nom de Orgyen Jigmé Chökyi Wangpo.

Dès son jeune âge, il maîtrisa sans difficulté l'écriture et la lecture, puis il prit l'ordination auprès de Khen Sherab Zangpo. Il étudia ensuite de nombreux traités appartenant aux Sūtras et aux tantras, comme la Triologie de l'Aise Naturelle (Ngal gso skor gsum, de Longchenpa, 1308-1364), le Bodhicāryāvatara, ainsi que le Tantra-racine de la Matrice du Mystère (gSang ba snying po), etc., auprès de maîtres tels que Dola Jigmé Kelzang, Jigme Ngotsar, et Gyelsé Zhenphen Thayé (1800–?). Il se perfectionna également dans la connaissance des sciences physiques et des techniques. Il reçut ensuite une première fois la transmission du Kanjur et d'autres textes relevant de la science du langage. Son érudition le mena à l'étude d'œuvres comprennant aussi bien les collections canoniques du Kanjur et du Tenjur que celles écrites par Longchenpa, Jigme Lingpa (1729–1794), Sakya Pandita (1182–1251) et Tsongkhapa (1357-1419).

De Jigme Gyelwai Nyugu (ca.1750–1825), il reçut à plus de vingt reprises les enseignements et les instructions préliminaires du Longchen Nyingthik. A cela s'ajoutèrent les préceptes sur les Canaux et les Souffles ainsi que les instructions Dzogchen et d'une manière plus générale, tous les enseignements appartenant à la tradition Kama. Il reçut aussi une confrontation à la nature du Discernement rig pa) du maître Do Khyentse Yeshe Dorje (1800–1859/66) et il put de la sorte cultiver avec une grande facilité son entraînement sur les Canaux et les Souffles selon le cycle du Longchen Nyingthik.

Il se retira par la suite dans des ermitages dépendants du site du monastère de Dzogchen comme par exemple la Grotte de Pratique de Yamantaka situé dans la chaîne des glaciers de Rudam. Il s'abîma avec tant d'intensité dans la pratique que sa réalisation en vint à égaler le ciel.

A trente ans, il décida de quitter ses retraites altières pour se rendre à Serthal (Khams septentrional où réside actuellement Sogyel Rinpoche Khempo Jigmé), mais aussi dans le Yarlung, ainsi qu'à Pema Kö où il transmit les enseignements de la Matrice du Mystère à une grande foule de pratiquants. Dans certains établissements religieux de Serthal et des environs, il donna la transmission du Bodhicāryāvatara, du Mani Kambum, ainsi que nombre d'autres enseignements. Sa présence mit un terme aux agissements de voleurs et de malandrins qui remettaient en cause la paix régionale et il fut aussi l'instrument principal qui permit l'interdiction de sacrifices sanglants caractérisant certaines coutûmes locales.

Au terme de son action en ces contrées, il se rendit à Dzamthang où il reçut les enseignements sur la Sextuple Union (sbyor drug) de Ngawang Chöjor, natif du Tsang. Il quitta ensuite la région de Dzamthang pour se rendre dans le Minyag, où il participa à des débats sur la Prajñāpāramitā avec le geshe de Dra, Tsültrim Namgyel, puis, il erra sans but ni résidence, abandonnant ainsi toute activité pour se consacrer simplement à celle du bien des êtres. Ses pérégrinations le menèrent au collège de Śrī Siṃha appartenant au monastère de Dzogchen, ainsi qu'à Pemai Thang où il tourna à de nombreuses reprises la roue de la loi des Enseignements de Maitreya (Byams chos), du Madhyamaka, de l'Abhidharma, du Tantra de la Matrice du Mystère, du Trésor des Qualités Salvatrices (Yon tan mdzod), de la Définition des trois Vœux, etc.

Un jour, alors que le tertön Chokgyyur Dechen Lingpa (1829–1870) donnait la transmission de son terma intitulé L'union équanime des Buddhas et des Herukas (bDe mchog sangs rgyas mnyam sbyor), Chokgyur Lingpa lui-même insitua Peltrül comme le détenteur des enseignements de ce Trésor, ainsi que de celui des L'Essence Perlée des Trois Clans (Rigs gsum snying thig) : il lui confia par là l'intégralité des initiations, conseils et instructions orales appartenant à ces cycles.

A la suite de cette rencontre, il se rendit à Kathok Dorjeden et à la requête répétée de Situ Choktrül Chökyi Lodrö et d'autres maîtres, il donna la transmission du Bohicāryāvatara ; il ne tarda pas à la poursuivre dans des monastères Gelukpa de la région et sa prédication fut louée par les grands savants de ces établissements.

Les abords du monastère de Dzagyel Gön furent alors son lieu de prédication attitré. Tout au long de sa vie, Peltrül Rinpoche eut à cœur de pratiquer l'écoute, la réflexion et la méditation pour son propre bénéfice mais aussi de cultiver les explications, les disputations et les compositions pour le bien d'autrui. Dans le Khams tout entier, il s'investit totalement dans la diffusion du Bohicāryāvatara , des Enseignements de Maitreya (Byams chos), du Trésor des Qualités, mais il œuvra aussi grandement à la diffusion de la Matrice du Mystère, ainsi qu'aux instructions sur les Canaux et les Souffles telles qu'elles sont exposées dans le Longchen Nyingthik. C'est en vertu même de sa grande bienveillance que ces enseignements se répandirent à nouveau et avec plus de force qu'ils ne l'avaient fait jusqu'alors. Parmi ses disciples de l'école Nyingmapa dont il faut parler à présent, les plus importants dans l'œuvre de diffusion des enseignements de l'Essence Adamantine de la Claire-Lumière (expression générique qualifiant le Dzogchen) furent :

— Situ Choktrül Chökyi Lodrö du monastère de Kathok , — le Cinquième Dzogchen Rinpoche (Thubten Chödor), — Künzang Thekchok Dorje du Gyarong, — les Deuxième et Troisième Dodrubchen Rinpoche, — Dechen Rigpai Reldri (le fils de Do Khyentse), — Choktrül Zhenphen Chökyi Nangwa (1871-1927), — Drodül Pawo Dorje (alias Adzom Drukpa Rinpoche, 1842-1924), — Tertön Lerab Lingpa (1856-1926), — Ju Mipham Namgyel (1846-1912), — Khenchen Pema Damchö Özer, — Nyoshul Lungtok (1829-1901), — Ala Dongak Gyamtso, etc.

Il eut aussi des disciples parmi les écoles réformées et notamment des élèves Gelukpa et Kagyüpa parmi lesquels il faut mentionner Shershul Lharampa Thubten, Pelpung Lama Tashi Özer, Ju Lama Drakpa Gyeltsen, etc.

Au terme de sa vie, Peltrül Rinpoche s'évanouit dans l'Espace Absolu, le dix-huitième jour du mois d'Avril en l'an Cochon-Feu (1887). Malheureusement pour sa descendance spirituelle, nombre de ses enseignements se sont éparpillés à travers le Tibet et d'autres sont restés dans les mains de pieux disciples ce qui a, semble-t-il, empêché pendant un temps la réunion de ses œuvres complètes en une seule collection. Plusieurs de ses compositions sont néanmoins devenues des classiques comme ses commentaires sur le Bodhicāryāvatara et le Trésor des Qualités, mais aussi et plus sûrement son arrangement des préliminaires du Longchen Nyingthik sous-titré Les Conseils du maître Samantabhadra (Kun bzang bla ma'i zhal lung) et surtout son traité sur le Testament de Garab Dorje intitulé Le Docte et Glorieux Roi (mKhas pa shrî rgyal po). Un volume récent a été publié en 1992 sous le titre de Morceaux choisis des œuvres et poèmes de Peltrül (dPal sprul snyan rtsom gces btus) et comprend plus d'une vingtaine de compositions et instructions personnelles données à ses disciples.

Bibliographie

Jean-Luc Achard, Le Docte et Glorieux Roi, Les Deux Océans, Paris, 2001.