Bienheureux : Différence entre versions

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La tradition tibétaine tardive fourmille de définitions du binôme ''bde gshegs''. Certaines sont à n'en pas douter exégétiquement fantaisistes et ne conviennent pas à tous les contextes. Il importe donc de les rejeter si l'on souhaite établir un lexique de traduction aussi pertinent que possible. Il faut également savoir que le terme, qui traduit le sanskrit ''Sugata'', n'était pas traduit par ''bde''( ''bar'') ''gshegs''( ''pa'') au 8e siècle mais par ''legs par gshegs pa''. Dans un lexique sanskrit-tibétain du 8e siècle (le ''sGra sbyor bam po gnyis pa''), la définition est donnée en fonction de trois modalités:
 
La tradition tibétaine tardive fourmille de définitions du binôme ''bde gshegs''. Certaines sont à n'en pas douter exégétiquement fantaisistes et ne conviennent pas à tous les contextes. Il importe donc de les rejeter si l'on souhaite établir un lexique de traduction aussi pertinent que possible. Il faut également savoir que le terme, qui traduit le sanskrit ''Sugata'', n'était pas traduit par ''bde''( ''bar'') ''gshegs''( ''pa'') au 8e siècle mais par ''legs par gshegs pa''. Dans un lexique sanskrit-tibétain du 8e siècle (le ''sGra sbyor bam po gnyis pa''), la définition est donnée en fonction de trois modalités:
  
— ''šobhanagataḥ sugataḥ surūpavat'' : Il est le Sugata (''legs par gshegs pa'') parce qu'il est devenu beau, comme quelqu'un doué d'une belle forme;
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— ''šobhanagataḥ sugataḥ surūpavat'' : Il est le Sugata (''legs par gshegs pa'') parce qu'il est devenu beau, comme quelqu'un doté d'une belle forme;
  
 
— ''apunarāvṛttyāgataḥ sugataḥ sunaṣṭajvaravat'' : Il est le Sugata parce qu'il s'en est allé pour ne plus jamais revenir, comme une fièvre totalement guérie;
 
— ''apunarāvṛttyāgataḥ sugataḥ sunaṣṭajvaravat'' : Il est le Sugata parce qu'il s'en est allé pour ne plus jamais revenir, comme une fièvre totalement guérie;
  
— ''yāvadgantavyagamanāt sugataḥ supūrṇaghaṭavat'' : il est le Sugata parce qu'il est allé aussi loin qu'il est possible d'aller, comme une jare parfaitement pleine.
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— ''yāvadgantavyagamanāt sugataḥ supūrṇaghaṭavat'' : il est le Sugata parce qu'il est allé aussi loin qu'il est possible d'aller, comme une jarre parfaitement pleine.
  
Dans le [[Dzogchen]], le Sugata est le Bienheureux naturellement animé par le [[Délice]] de son [[Eveil]]. L'aspect de Délice est associé à celui du [[Vide]] et l'aspect de “parcours" de ce Délice est associé à celui de la [[Clarté]], en sorte que l'expression Bienheureux ou “Celui qui parcours/a atteint le Délice" renvoie à la double modalité de l'[[état naturel]], c'est-à-dire la [[Vacuité-Clarté]].
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Dans le [[Dzogchen]], le Sugata est le Bienheureux naturellement animé par le [[Délice]] de son [[Eveil]]. L'aspect de Délice est associé à celui du [[Vide]] et l'aspect de “parcours" de ce Délice est associé à celui de la [[Clarté]], en sorte que l'expression Bienheureux ou “Celui qui parcourt/a atteint le Délice" renvoie à la double modalité de l'[[état naturel]], c'est-à-dire la [[Vacuité-Clarté]].
  
 
[[Catégorie:Vocabulaire technique et philosophique]]
 
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[[Catégorie:Divers et non classés]]
 
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Version du 19 juillet 2018 à 17:37

Bienheureux (bde gshegs) བདེ་གཤེགས།

Signification littérale

bde: Délice, Félicité, bonheur. — gshegs= être allé, parcourir (à l'honorifique).

L'expression correspond au polyagglutinage de bde bar gshegs pa, avoir atteint le Délice, parcourir le Délice, etc.

Définition

La tradition tibétaine tardive fourmille de définitions du binôme bde gshegs. Certaines sont à n'en pas douter exégétiquement fantaisistes et ne conviennent pas à tous les contextes. Il importe donc de les rejeter si l'on souhaite établir un lexique de traduction aussi pertinent que possible. Il faut également savoir que le terme, qui traduit le sanskrit Sugata, n'était pas traduit par bde( bar) gshegs( pa) au 8e siècle mais par legs par gshegs pa. Dans un lexique sanskrit-tibétain du 8e siècle (le sGra sbyor bam po gnyis pa), la définition est donnée en fonction de trois modalités:

šobhanagataḥ sugataḥ surūpavat : Il est le Sugata (legs par gshegs pa) parce qu'il est devenu beau, comme quelqu'un doté d'une belle forme;

apunarāvṛttyāgataḥ sugataḥ sunaṣṭajvaravat : Il est le Sugata parce qu'il s'en est allé pour ne plus jamais revenir, comme une fièvre totalement guérie;

yāvadgantavyagamanāt sugataḥ supūrṇaghaṭavat : il est le Sugata parce qu'il est allé aussi loin qu'il est possible d'aller, comme une jarre parfaitement pleine.

Dans le Dzogchen, le Sugata est le Bienheureux naturellement animé par le Délice de son Eveil. L'aspect de Délice est associé à celui du Vide et l'aspect de “parcours" de ce Délice est associé à celui de la Clarté, en sorte que l'expression Bienheureux ou “Celui qui parcourt/a atteint le Délice" renvoie à la double modalité de l'état naturel, c'est-à-dire la Vacuité-Clarté.