Lampe de l'Espace purissime

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Lampe de l'Espace purissime (dbyings rnam par dag pa’i sgron ma ou dbyings rnam dag gi sgron ma) དབྱིངས་རྣམ་པར་དག་པའི་སྒྲོན་མ། དབྱིངས་རྣམ་དག་གི་སྒྲོན་མ།

Signification littérale

dbyings : Espace ; —rnam par dag pa’i : purissime + marque du génitif ; —sgron ma : Lampe.

Définition

La Lampe de l’Espace purissime est le domaine en lequel les visions de l’état naturel se déploient, dans le contexte de la pratique du Franchissement du Pic (thod rgal). Cette Lampe émerge tout d'abord sous la forme d’un azur prononcé (mthing ga) apparaissant au centre du ciel, avant de se manifester à la manière d’un déploiement de brocarts rayonnants. A son stade optimum de manifestation, cette Lampe apparaît ainsi comme un azur irisé et entouré par une enceinte quinticolore[1] au sein de laquelle émergent les chaînes adamantines du Discernement (rig pa rdo rje lu gu rgyud).

Au début de la pratique, cette Lampe apparaît dans l’espace entre les sourcils avant de s’en détacher et de rayonner devant soi sous la forme d’une immensité céleste adornée de lumières d’arcs-en-ciel.

Sa signification précise doit s’entendre comme suit :

— elle constitue ce que l’on désigne comme une “Lampe” (sgron ma) parce qu’elle illumine l’aspect visionnaire du Discernement (rig pa) lorsque l’on parvient à faire entrer les chaînes adamantines à l’intérieur de l’Enceinte de l’Espace ;
— elle s’exprime comme un “Espace” (dbyings) dans la mesure où celui-ci est la base d’émergence des visions et donc le domaine spécifique en lequel le Discernement se manifeste ; et
— elle est conçue comme étant “purissime” (rnam par dag pa) parce que sa manifestation dans ce domaine céleste est vierge de souillures.

Catégories

Cette Lampe se décline en fonction des modalités dites de la Base (gzhi), de la Voie (lam), et du Fruit (’bras bu). Ainsi :

— la Lampe de l’Espace purissime qui demeure sur la Base (gzhi la gnas pa’i dbyings rnam dag gi sgron ma) correspond à la Clarté intérieure (nang gsal) spontanée qui s’exprime sous la forme de Corps (sku) et de Sagesses (ye shes) à l’intérieur du cœur (tsitta) ;
— la Lampe de l’Espace purissime qui se manifeste au cours de la Voie (lam la snang ba’i dbyings rnam dag gi sgron ma) correspond à l’enceinte quinticolore au centre de laquelle les Disques Lumineux (thig le) se déploient ; et
— la Lampe de l’Espace purissime qui se manifeste dans le domaine du Fruit[2] correspond aux déploiements de filets quinticolores, de festons, de motifs irisés formant le “fond” de l’Enceinte de l’Espace en laquelle les chaînes adamantines sont maintenues.

Nature véritable

Lorsqu’il parvient à faire pénétrer les chaînes adamantines à l’intérieur de l’Enceinte de l’Espace, l’adepte entre dans l’état dit de la Contemplation à la Transparente Egalité (zang thal mnyam pa’i dgongs pa)[3] au sein de laquelle il contemple le rayonnement primordial de sa propre Spontanéité (lhun grub). Dans sa Contemplation, le yogi expérimente ainsi la Nature non duelle de la Pureté Primordiale (ka dag, = Vacuité) et de la Spontanéité (lhun grub, = Clarté).

Caractéristiques

Deux aspects caractérisent cette Lampe :

  1. l’Espace extérieur (phyi dbyings) correspondant à la manifestation de l’Espace visionnaire exprimé dans une totale Vacuité-Clarté (stong gsal) ; et
  2. l’Espace intérieur (nang dbyings) correspondant à l’état de la Pureté Primordiale caractérisant le Discernement.[4]

Sanctuaire

Le sanctuaire de cette Lampe est défini en fonction de la Base, de la Voie, et du Fruit :

— le sanctuaire de l’Espace de la Base (gzhi’i dbyings) est le cœur (tsitta) ;
— celui de l’Espace de la Voie (lam gyi dbyings) est constitué par les yeux (’bri gu ta) ; et
— celui de l’Espace du Fruit (’bras bu’i dbyings)[5] est le ciel sans nuages.[6]

Porte d’émergence

Comme on vient de le voir avec la définition de l’Espace de la Voie, sa porte d’émergence (’char sgo) est constituée par les yeux, et plus précisément par l’extrémité supérieure du canal de lumière (’od rtsa) reliant le cœur aux yeux.

Notes

  1. Techniquement appelée “Enceinte de l’Espace” (dbyings kyi rwa ba).
  2. C’est-à-dire au niveau du Fruit du Plein Eveil.
  3. Cette Contemplation relève de l’Egalité (mnyam pa) de la Vacuité et de la Clarté manifestées dans l’état d’une totale Transparence caractérisant la limpidité irisée de l’état naturel.
  4. En d’autres termes, le premier aspect correspond à un aspect visionnaire (snang cha), tandis que le second est l’état dans lequel cet aspect se manifeste, à savoir une modalité sapientiale (shes cha).
  5. Encore appelé “Espace en lequel le Fruit émerge naturellement” (’bras bu rang shar gyi dbyings).
  6. Dans le présent contexte, on voit clairement que les modalités de la Base, de la Voie, et du Fruit correspondent, non pas aux trois états couvrant en théorie l’ensemble de la vie (avec le potentiel du Plein Eveil au niveau de la Base, son expression manifeste au cours de la Voie et son expression en tant que Corps et Sagesses au niveau du Fruit), mais sont focalisés sur les principes de la pratique de la Voie, avec la définition du sanctuaire ou Base de l’Espace au sein du cœur, le cheminement de son éclat jusqu’aux yeux, et son rayonnement au sein du ciel (qui n’est pas en réalité le domaine qui accueille ce rayonnement mais plutôt le support sur lequel celui-ci se reflète).

Jean-Luc Achard 24 mars 2023 à 09:33 (CET)