Contemplation des Bienheureux

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Contemplation des Bienheureux (bde gshegs dgongs pa, bde bar gshegs pa'i dgongs pa) བདེ་གཤེགས་དགོངས་པ། བདེ་བར་གཤེགས་པའི་དགོངས་པ།

Signification littérale

bde gshegs (bde bar gshegs pa) : Bienheureux ; — dgongs pa : Contemplation.

Définition

Les explications relatives à cette Contemplation interviennent dans un contexte où trois méthodes contemplatives sont décrites, à savoir : 1. les maîtrises de l'esprit des dieux et des hommes (lha mi'i sems 'dzin), 2. la Concentration des Héros-à-l'Esprit de Parfaite Pureté (byang chub sems dpa'i bsam gtan), et 3. la Contemplation des Bienheureux (bde gshegs dgongs pa). L'expression de cette dernière modalité apparaît également sous la forme de "Contemplation des Tathāgatas" dans le Tantra de l'Emergence Naturelle du Discernement (Rig pa rang shar gyi rgyud), dans lequel elle est définie de la manière suivante :

La Contemplation des Tathāgatas
Doit être comprise comme (égale) à l'immensité céleste.
Lorsque l'on se familiarise avec elle,
Les visions de la Sagesse émergent naturellement.[1]

Le Tantra de l'Union du Soleil et de la Lune (Nyi zla kha sbyor gyi rgyud) en donne une définition plus précise en la présentant de la manière suivante :

La Contemplation des Bienheureux présente deux aspects :
La cessation des sensations lorsque l'on accède sans artifice (à l'état naturel), et
L'obtention du signe de chaleur lorsque l'on contemple (cet état) sans méditer.[2]

Ces deux aspects (qui sont plutôt des étapes) doivent se comprendre de la manière suivante :

  1. Dans un premier temps, on demeure naturellement recueilli dans l'état naturel sans rien faire de particulier. On reste assis dans la posture en sept points de Vairocana, les yeux fixés sur le ciel, sans focus particulier. Au bout d'un temps variable en fonction des pratiquants, une expérience d'absence de sensations s'élèvera dans le continuum, connectée à la Pureté Primordiale de l'état naturel. L'esprit se trouvera ainsi naturellement absorbé dans sa virginité originelle.
  2. Dans un second temps, on contemplera l'émergence naturelle des visions de l’Espace et du Discernement, sans méditer intentionnellement, c'est-à-dire sans faire de visualisation, de fixation, etc. C'est à ce niveau que l'on fera l'expérience du "signe de chaleur" (drod tshad) qui, dans ce contexte, correspond à l'émergence des visions de l'état naturel.

La cultivation progressive et unifiée de ces deux aspects correspond à l'expérience dite du "yoga au flot continuel" (chu bo rgyun gyi rnal 'byor), c'est-à-dire un état ininterrompu de Contemplation au sein duquel on ne différencie plus l'Accès-à-l'Egalité de l'Après-Obtention. Dans cet état, les visions s'élèvent sans qu'aucune prolifération de l'intellect n'intervienne. L'adepte qui fait l'expérience de cette Contemplation accède sans distraction à la nature sapientiale et visionnaire de son esprit. On dit qu'il entre alors dans la "Méditation de l'Union du Jour et de la Nuit" (nyi mtshan kha sbyor gyi sgom pa).

Notes

  1. Rig pa rang shar, p. 411: de bzhin gshegs pa'i dgongs pa ni/ nam mkha'i mthongs su shes par bya/ de la goms par gyur na yang/ ye shes snang ba lhug par 'char/.
  2. Nyi zla kha sbyor, p. 201: bde gshegs dgongs pa rnam gnyis te/ ma bcos bzhag pas byung tshor 'gag/ ma bsgoms bltas pas drod tshad rnyed/.

Jean-Luc Achard 28 novembre 2018 à 10:00 (CET)