Contemplation : Différence entre versions

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Contemplation (''dgongs pa'')
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Contemplation (''dgongs pa'') དགོངས་པ།
  
 
==Signification littérale==
 
==Signification littérale==
Le terme original ''dgongs pa'' est l’honorifique de ''bsam pa'' qui signifie “pensée, penser, cogiter, réfléchir, songer,” etc. En tant qu’honorifique, il porte le sens du terme non-honorifique à un niveau sublimé que l’on n’emploie que pour les Buddhas, les maîtres, etc. Donc, lorsqu’il est question d’une réflexion cultivée par un maître, on parle de ''dgongs pa'', pas de ''bsam pa'' qui est l’activité similaire considérée au niveau des êtres ordinaires.
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Le terme original ''dgongs pa'' est l’honorifique de ''bsam pa'' qui signifie “pensée, penser, cogiter, réfléchir, songer,” etc. En tant qu’honorifique, il porte le sens du terme non honorifique à un niveau sublimé que l’on n’emploie que pour les Buddhas, les maîtres, etc. Donc, lorsqu’il est question d’une réflexion cultivée par un maître réalisé, on parle de ''dgongs pa'', pas de ''bsam pa'' qui est l’activité similaire considérée au niveau des êtres ordinaires.
  
 
==Définition==
 
==Définition==
La Contemplation (''dgongs pa'') est l’état dans lequel l’[[Esprit]] des [[Buddhas]] se trouve continuellement, parfaitement établi dans la saveur de l’union indifférenciée des [[Corps]] et des [[Sagesses]]. Cet état est celui en lequel ces mêmes Buddhas “contemplent” (''dgongs pa'') les splendeurs visionnaires de leur [[Claire-Lumière]] (''‘od gsal''). Cette Claire-Lumière est ''ab aeterno'' immaculée et prégnante des caractéristiques des [[cinq Sagesses]] dont la connaissance transcende les facultés analytiques du mental ordinaire et s’anime au contraire de la “contemplation” des Corps et des Sagesses. Dans le ''[[Tantra de l’Emergence Naturelle du Discernement]]'' (''Rig pa rang shar''), cette Contemplation est directement mise en parallèle avec celle des visions de l’[[état naturel]] qui s’élèvent au cours de la pratique du [[Franchissement du Pic]] (''thod rgal''). On en retrouve le détail dans la pratique dite de la [[Contemplation des Bienheureux]] (''bde gshegs dgongs pa''). L'état de la “Contemplation” est donc celui en lequel on se trouve lorsque l'on demeure dans l'[[état naturel]], alors que l'on est dans celui de la pensée ordinaire lorsque l'on ne demeure pas dans la reconnaissance de ce même état.
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La Contemplation (''dgongs pa'') est l’état dans lequel l’[[Esprit]] des [[Buddhas]] se trouve continuellement et parfaitement établi dans la saveur de l’union indifférenciée des [[Corps]] et des [[Sagesses]]. Cet état est celui en lequel les [[Buddhas]] “contemplent” (''dgongs pa'') les splendeurs visionnaires de leur [[Claire-Lumière]] (''‘od gsal''). Cette [[Claire-Lumière]] est ''ab aeterno'' immaculée et prégnante des caractéristiques des [[cinq Sagesses]] dont la connaissance transcende les facultés analytiques du mental ordinaire et s’anime au contraire de la “contemplation” des [[Corps]] et des [[Sagesses]]. Dans le ''[[Tantra de l'Emergence Naturelle du Discernement]]'' (''Rig pa rang shar''), cette Contemplation est directement mise en parallèle avec celle des visions de l’[[état naturel]] qui s’élèvent au cours de la pratique du [[Franchissement du Pic]] (''thod rgal''). On en retrouve le détail dans la pratique dite de la [[Contemplation des Bienheureux]] (''bde gshegs dgongs pa''). L'état de la “Contemplation” est donc celui dans lequel on se trouve lorsque l'on demeure dans l'[[état naturel]], alors que l'on est dans celui de la pensée ordinaire (''bsam pa'') lorsque l'on ne demeure pas dans la reconnaissance de ce même état. Dans le second volume de son ''[[Trésor du Véhicule Suprême]]'', [[Longchenpa]] définit la Contemplation (''dgongs pa'') comme un état au sein duquel l'adepte cultive :
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#une [[Vue]] vierge de partialités et de subjectivité (''phyogs dang ris su ma chad pa'i lta ba''),
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#une [[Méditation]] non établie en fonction de caractéristiques ou d'une quelconque matérialité (''dngos po dang mtshan mar ma grub pa'i sgom pa''),
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#une [[Conduite]] transcendant les saisies dualistes (''gzung 'dzin gnyis bcas las 'das pa'i spyod pa''),
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#un [[Fruit]] qui est celui de la Grande Liberté Primordiale et Spontanée (''lhun grub ye grol chen po'i 'bras bu''),
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#des [[Activités]] primordialement accomplies qui parachèvent tous les desseins (''ye grub don kun rdzogs pa'i 'phrin las''), et
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#des [[Qualités]] qui demeurent naturellement en soi sans avoir à être recherchées (''ma btsal rang la gnas pa'i yon tan'').
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Ces représentations ne véhiculent en aucune manière celles d'une quelconque forme d'intention.
  
 
==Remarque==
 
==Remarque==
Chez certains traducteurs, le terme a pris le sens d’intention et d’intentionalité. Ce sont deux choix erronés. Le premier représente un déplacement de sens, car dans le fait de songer ou de penser (dans le sens le plus large s’appliquant à ''bsam pa'' et à ''dgongs pa''), il n’y a pas de calcul, de visée quelconque, d’intention sous une forme ou sous une autre. D’ailleurs, le terme intention est ''rtsis gdab pa'' (ou ''rtsis ‘debs pa'') en tibétain, et ne couvre pas du tout le même champ sémantique que celui de ''bsam pa'' et de ''dgongs pa''. Le second choix — l’intentionalité — est totalement hors-sujet parce que le concept est inconnu de la philosophie bouddhique en générale et de celle du Dzogchen en particulier. Chez les classiques, l’intention (et non l’intentionalité comme on le croit souvent) cultive une polysémie qui rend le terme foncièrement instable en matière de sens (variant d’un auteur à l’autre). D’Aquin en fait un objet de l’intellect, et c’est de là que Brentano en fera une forme d’analyse permettant de distinguer deux types de faits (psychiques et physiques). On est loin, très loin de la pensée Dzogchen en ce domaine et ce n’est pas avec Husserl que l’on s’en rapprochera. Le responsable de cette ''trans-lation'' radicale et malvenue n’est autre que H.V. Guenther qui n’a pas hésité à traumatiser le lexical du Dzogchen en lui faisant prendre des sens que ce même lexique ignore totalement. Traduire [[Longchenpa]] en se référant à Husserl et à la phénoménologie est d’une maladresse sans nom qui dénature le sens des textes originaux.
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Chez certains traducteurs, le terme a pris le sens d’intention et d’intentionnalité. Ce sont deux choix erronés. Le premier représente un déplacement de sens, car dans le fait de songer ou de penser (dans le sens le plus large s’appliquant à ''bsam pa'' et à ''dgongs pa''), il n’y a pas forcément de calcul, de visée quelconque, d’intention sous une forme ou sous une autre. D’ailleurs, le terme intention est ''rtsis gdab pa'' (ou ''rtsis ‘debs pa'') en tibétain, et ne couvre pas du tout le même champ sémantique que celui de ''bsam pa'' et de ''dgongs pa''. Le second choix — l’intentionalité — est totalement hors-sujet parce que le concept est inconnu de la philosophie bouddhique en général et de celle du Dzogchen en particulier. Chez les classiques, l’intention (et non l’intentionalité comme on le croit souvent) cultive une polysémie qui rend le terme foncièrement instable en matière de sens (variant d’un auteur à l’autre). D’Aquin en fait un objet de l’intellect, et c’est de là que Brentano en fera une forme d’analyse permettant de distinguer deux types de faits (psychiques et physiques). On est loin, très loin de la pensée Dzogchen en ce domaine et ce n’est pas avec Husserl que l’on s’en rapprochera. Le responsable de cette ''trans-lation'' radicale et malvenue n’est autre que H.V. Guenther qui n’a pas hésité à traumatiser le lexique du Dzogchen en lui faisant prendre des sens que ce même lexique ignore totalement. Par exemple, traduire [[Longchenpa]] en se référant à Husserl et à la phénoménologie, comme le fait Guenther, est d’une maladresse sans nom qui dénature totalement le sens des textes originaux. En théorie de la traduction, tous ces glissements de sens confinent purement et simplement à des erreurs de traduction qui altèrent la pensée imprégnant les textes en langue originale.
 
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[[Utilisateur:Jean-Luc Achard|Jean-Luc Achard]] ([[Discussion utilisateur:Jean-Luc Achard|discussion]]) 6 juin 2017 à 16:21 (CEST)
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Jean-Luc Achard 28 novembre 2018 à 08:31 (CET)
 
[[Catégorie:Vocabulaire technique et philosophique]]
 
[[Catégorie:Vocabulaire technique et philosophique]]

Version actuelle datée du 18 décembre 2018 à 08:46

Contemplation (dgongs pa) དགོངས་པ།

Signification littérale

Le terme original dgongs pa est l’honorifique de bsam pa qui signifie “pensée, penser, cogiter, réfléchir, songer,” etc. En tant qu’honorifique, il porte le sens du terme non honorifique à un niveau sublimé que l’on n’emploie que pour les Buddhas, les maîtres, etc. Donc, lorsqu’il est question d’une réflexion cultivée par un maître réalisé, on parle de dgongs pa, pas de bsam pa qui est l’activité similaire considérée au niveau des êtres ordinaires.

Définition

La Contemplation (dgongs pa) est l’état dans lequel l’Esprit des Buddhas se trouve continuellement et parfaitement établi dans la saveur de l’union indifférenciée des Corps et des Sagesses. Cet état est celui en lequel les Buddhas “contemplent” (dgongs pa) les splendeurs visionnaires de leur Claire-Lumière (‘od gsal). Cette Claire-Lumière est ab aeterno immaculée et prégnante des caractéristiques des cinq Sagesses dont la connaissance transcende les facultés analytiques du mental ordinaire et s’anime au contraire de la “contemplation” des Corps et des Sagesses. Dans le Tantra de l'Emergence Naturelle du Discernement (Rig pa rang shar), cette Contemplation est directement mise en parallèle avec celle des visions de l’état naturel qui s’élèvent au cours de la pratique du Franchissement du Pic (thod rgal). On en retrouve le détail dans la pratique dite de la Contemplation des Bienheureux (bde gshegs dgongs pa). L'état de la “Contemplation” est donc celui dans lequel on se trouve lorsque l'on demeure dans l'état naturel, alors que l'on est dans celui de la pensée ordinaire (bsam pa) lorsque l'on ne demeure pas dans la reconnaissance de ce même état. Dans le second volume de son Trésor du Véhicule Suprême, Longchenpa définit la Contemplation (dgongs pa) comme un état au sein duquel l'adepte cultive :

  1. une Vue vierge de partialités et de subjectivité (phyogs dang ris su ma chad pa'i lta ba),
  2. une Méditation non établie en fonction de caractéristiques ou d'une quelconque matérialité (dngos po dang mtshan mar ma grub pa'i sgom pa),
  3. une Conduite transcendant les saisies dualistes (gzung 'dzin gnyis bcas las 'das pa'i spyod pa),
  4. un Fruit qui est celui de la Grande Liberté Primordiale et Spontanée (lhun grub ye grol chen po'i 'bras bu),
  5. des Activités primordialement accomplies qui parachèvent tous les desseins (ye grub don kun rdzogs pa'i 'phrin las), et
  6. des Qualités qui demeurent naturellement en soi sans avoir à être recherchées (ma btsal rang la gnas pa'i yon tan).

Ces représentations ne véhiculent en aucune manière celles d'une quelconque forme d'intention.

Remarque

Chez certains traducteurs, le terme a pris le sens d’intention et d’intentionnalité. Ce sont deux choix erronés. Le premier représente un déplacement de sens, car dans le fait de songer ou de penser (dans le sens le plus large s’appliquant à bsam pa et à dgongs pa), il n’y a pas forcément de calcul, de visée quelconque, d’intention sous une forme ou sous une autre. D’ailleurs, le terme intention est rtsis gdab pa (ou rtsis ‘debs pa) en tibétain, et ne couvre pas du tout le même champ sémantique que celui de bsam pa et de dgongs pa. Le second choix — l’intentionalité — est totalement hors-sujet parce que le concept est inconnu de la philosophie bouddhique en général et de celle du Dzogchen en particulier. Chez les classiques, l’intention (et non l’intentionalité comme on le croit souvent) cultive une polysémie qui rend le terme foncièrement instable en matière de sens (variant d’un auteur à l’autre). D’Aquin en fait un objet de l’intellect, et c’est de là que Brentano en fera une forme d’analyse permettant de distinguer deux types de faits (psychiques et physiques). On est loin, très loin de la pensée Dzogchen en ce domaine et ce n’est pas avec Husserl que l’on s’en rapprochera. Le responsable de cette trans-lation radicale et malvenue n’est autre que H.V. Guenther qui n’a pas hésité à traumatiser le lexique du Dzogchen en lui faisant prendre des sens que ce même lexique ignore totalement. Par exemple, traduire Longchenpa en se référant à Husserl et à la phénoménologie, comme le fait Guenther, est d’une maladresse sans nom qui dénature totalement le sens des textes originaux. En théorie de la traduction, tous ces glissements de sens confinent purement et simplement à des erreurs de traduction qui altèrent la pensée imprégnant les textes en langue originale.


Jean-Luc Achard 28 novembre 2018 à 08:31 (CET)