Pema Ledrel Tsel

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Pema Ledrel Tsel (Padma Las 'brel rtsal, 1291–1315?) པད་མ་ལས་འབྲེལ་རྩལ།

Identification

Pema Ledrel Tsel[1] est un tertön qui a révélé le cycle du Khandro Nyingthik (mKha’ ‘gro snying thig). Selon la tradition, il serait né au Tibet oriental, dans un lieu appelé Drithang (ou Dridang), dans le clan Nyang. [2] Les textes tardifs en font une incarnation de la princesse Pema Sel (8e siècle), l’une des filles de l’empereur Trisong Detsen (r.755-797), accidentellement décédée à l’âge de huit ans.[3] L’histoire du Khandro Nyingthik rapporte en effet qu’un jour, alors que Padmasambhava, Yeshe Tsogyel, l’empereur et sa fille Pema Sel se trouvaient à Samyé, la jeune princesse mourut soudainement. Constatant la peine immense du monarque, Padmasambhava lui donna un long enseignement sur l’impermanence de toutes choses, avant de tracer le phonème Nrī[4] sur le cœur de la fillette et de la ramener temporairement à la vie. A cette occasion, il transmit également le cycle du Khandro Nyingthik aux personnes présentes, ainsi que la pratique du transfert de conscience ( ‘pho ba) à la princesse. Padmasambhava demanda ensuite à Yeshe Tsogyel de cacher une copie du cycle, afin que la princesse en révèle le Trésor dans le futur, une fois les circonstances réunies pour sa diffusion. C’est ainsi qu’après plusieurs incarnations, elle reprit naissance en la personne de Pema Ledrel Tsel. Dans La Succession des Naissances de Pema Ledrel Tsel (p. 387-388), Padmasambhava prophétise à son sujet :

Après cette naissance, elle renaîtra à Dridang, à la frontière du Do et du Tibet, où elle apparaîtra en raison de ses imprégnations karmiques passées (sous la forme de Pema Ledrel Tsel). Celui-ci sera protégé des obstacles par toutes les Ḍākinīs et, une fois venu à la rencontre de mes profonds Trésors (zab gter), il ouvrira trois portes de Trésors. Toutefois, à cette époque, cela n’apportera pas de bienfait aux êtres, car ce sera la période où l’on pratiquera de manière cachée. (Pema Ledrel Tsel) deviendra néanmoins un souverain détenteur de mes profonds Trésors.

Pema Ledrel Tsel est également connu sous plusieurs autres noms, à commencer par Tsültrim Dorje, qui est parfois présenté comme son nom d’ordination. Toutefois, s’il a vraiment pris les vœux — ce qui est plus que discutable —, il n’a pas dû rester moine longtemps et, selon les sources actuellement disponibles, il n’apparaît jamais comme étant rattaché à un quelconque établissement monastique. Il semble avoir plutôt mené une vie de yogin itinérant jusqu’à ce qu’il découvre une liste de Trésors (gter gyi kha byang) et une clef (lde mig) pour ouvrir le sanctuaire des Trésors qu’il était destiné à révéler ou bien pour transcrire ces derniers. Rinchen Lingpa (1295–1373) lui aurait également remis une liste de Trésors à découvrir. Il reçut par ailleurs des prophéties de la part des Ḍākinīs qui avaient la charge de veiller sur le Khandro Nyingthik, l’invitant de manière répétée à révéler le cycle :

… c'est ainsi qu'à l'âge de vingt-trois ans (1313, donc à vingt-deux ans selon notre comput), il mit au jour le cycle des Trésors de la Profonde Essence Perlée des Ḍākinīs (Zab mo mkha' 'gro snying thig) en les extrayant du Roc de Trawo (Khra bo), à Danglung dans le Dakpo. Tsültrim Dorje les diffusa à un cénacle réduit de pratiquants jusqu'à ce qu'un disciple fortuné vînt à sa rencontre en la personne de Tulku Lekden (sPrul sku Legs ldan, 1290–1366). Pema Ledrel Tsel lui remit la totalité de la transmission, des conseils et même les rouleaux originaux de la découverte.[5] Peu de temps après, Pema Ledrel Tsel mourut au lieu appelé Chingkar (Phying dkar) dans le Djar inférieur (Byar smad). Après la crémation de son corps, on retrouva, entre autres reliques, une statue de Vajravārāhi grande comme le pouce. Pendant sept jours entiers, des arcs-en-ciel emplirent la vallée et les témoins de ces phénomènes furent tous élevés à d'extra-ordinaires niveaux spirituels.[6]

Notes

  1. Le présent article est extrait de Achard, Le Tantra de la Quintessence Principielle, Khandro Nyingthik, volume III, éd. Khyung-Lung, 2020, pp. 11-13.
  2. Le Khandro Nyingthik (vol. II, p. 387) précise que ce lieu orthographié ‘Bri ldang (de toute évidence une variante pour ‘Bri thang) se trouve “à la frontière du Do (rDo) et du Bod (Tibet)” (rdo dang bod kyi mtshams su ‘bri ldang zhes bya ba). Sur le Doyül (rDo yul, la contrée de rDo), voir Gene Smith, Among Tibetan Texts, p. 276. Selon le TBRC Resource ID # G4950, le Doyül est une petite région localisée entre la région de Sertha (au Kham) et le pays Golok. Cf. également : https://www.tbrc.org/#library_work_ViewByOutline-O1PD864774CZ100929%7CW1KG5737 qui est la source principale de l’identification de ce toponyme.
  3. Dans le récit intitulé La Succession des Naissances et les Prophéties relatives à Pema Ledrel Tsel (Padma las ‘brel rtsal gyi skyes rabs dang : lung bstan, p. 385), la raison du décès prématuré de la princesse est expliquée par l’une de ses vies antérieures. Au cours de sa naissance immédiatement précédente, Pema Sel était l’une des deux épouses rivales d’un roi indien appelé Böl Kutra (‘Bol ku tra). La première avait un fils alors que la seconde — la future Pema Sel — était apparemment stérile. Mue par la jalousie, elle tua l’enfant de sa rivale. Quand elle mourut à son tour, elle reprit naissance comme la fille de Trisong Detsen. La brièveté de sa vie en tant que Pema Sel est ainsi conçue comme le fruit direct de son karma antérieur.
  4. Cette syllabe est la syllabe-germe de la destinée humaine. Elle représente le hṛdaya (essence vitale) de l’individu.
  5. Les termas originaux se présentent souvent sous la forme de petits rouleaux jaunis (shog ser), cachés dans un coffret, un reliquaire, etc.
  6. Achard, L’histoire de l’Essence Perlée des Ḍākinīs, Khandro Nyingthik, volume I, p. 13 (inédit).

Jean-Luc Achard 8 mars 2023 à 20:49 (CET)