Liberté Originelle

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Liberté Originelle (ye grol)

Définition

La notion de Liberté Originelle fait référence au fait qu'il est inutile de répéter un potentiel processus de libération, dans la mesure où la Liberté elle-même est déjà obtenue.

L'idée qui accompagne cette représentation est celle d'une absence totale d'altération (bcos pa med pa) dans la mesure où l'état au sein duquel notre esprit est déjà libéré est caractérisé par une immuabilité ‘gyur ba med pa) totale.

Dans Les Cinq Modes de la Liberté, il est dit:

Cette Liberté veut ainsi dire demeurer dans le mode d’être naturel (grol zhes rang lugs su gnas pa) propre à notre véritable essence et cela signifie ne s’investir dans aucun artifice, aucune altération de cet état. Elle implique une détente des trois portes et l’induction de l’aise naturelle de l’esprit (sems nyid rnal du pheb pa).
L’exemple allégorique (dpe) servant à illustrer cette Liberté Originelle est celui du Fruit de l’Ālika toujours mûr et qui est donc indépendant de toutes causes le menant à sa maturité.[1]

Dans le même volume, il est dit :

Comment faut-il concrètement comprendre cette Liberté ? Le fait qu'elle ne soit pas soudainement acquise — comme le produit de causes et de circonstances — mais déjà (zin) présente, ce fait découle du Discernement (rig pa) lui-même qui ne connaît jamais d’égarement, impliquant que toute matière à libération est vaine puisque celle-ci est déjà parachevée. Ainsi, la Liberté Originelle du Discernement provient de ce que ce dernier ne possède aucune base, donc aucun état vers lequel régresser ; aucune source, donc aucun lieu où apparaître; aucune caractéristique, donc aucune définition possible; aucune naissance, donc aucune cause de libération, etc. Puisque le Discernement ne connaît nulle cause, il n’a pas de fruit et il n’y a en lui ni karma ni maturation de ce karma, prouvant ainsi qu'il est primordialement libre (ye nas grol).[2]

Remarque

Le même texte dit :[3]

Encore une fois, il faut préciser que l’on fait référence ici à l’état du Dzogchen, pas à l’état du Dzogchenpa qui n’est pas encore parvenu à la réalisation non régressive de cette Grande Perfection. Faute de comprendre cette distinction fondamentale, on voit maintenant partout dans le monde bouddhique et bönpo (ainsi que dans les marches de ce monde fictif) se développer la fange des terrains d’égarement en lesquels viennent s’embourber les esprits incapables de pénétrer le sens véritable des enseignements Dzogchen eux-mêmes. Qui ne connaît pas un “sympathisant” Dzogchen qui regarde avec pitié ou condescendance ceux qui, à leurs yeux, en sont “encore” à pratiquer leurs préliminaires? Pour de tels égarés, le Dzogchen consiste à ne rien faire puisque tout est déjà là. Le problème est que lorsque vient le moment de la mort, aucune réalisation n’est présente chez ces personnes qui sont incapables de témoigner de la moindre stabilité dans l’expérience de l’état naturel et donc encore moins de manifester les Corps et les Sagesses. Tradition-nellement, les préceptes du Dzogchen doivent leur rester cachés.

Bibliographie

Longchenpa, Theg mchog mdzod, II, p. 294-295.

— Jean-Luc Achard, Les [[Cinq Modes de la Liberté, Khyung-mkhar, 2014.

  1. Achard, Les Cinq Modes de la Liberté, pp. 5-6.
  2. Ibid., p. 6.
  3. Ibid. p. 6 n. 8.