Lampe d’Eau du Lointain-Lasso

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Lampe d'Eau du Lointain-Lasso (rgyang zhags chu'i sgron ma) རྒྱང་ཞགས་ཆུའི་སྒྲོན་མ།

Signification littérale

rgyang : lointain ; —zhags : lasso ; —chu'i : eau + marque du génitif ; —sgron ma : lampe.

Définition

La Lampe d'Eau du Lointain-Lasso est stricto sensu l'extrémité supérieure du Canal de Cristal s'ouvrant au centre même des pupilles. C'est par le biais de cette Lampe que l'adepte peut contempler les pures visions (dag snang) de son propre état naturel. Elle est parfois abusivement, ou bien par souci de simplicité, identifiée aux yeux. Dans ce cas, on dit qu'elle appréhende également les manifestations de l'égarement ('khrul snang).

Sa définition littérale est la suivante :

— il s'agit d'une Lampe (sgron ma) dans la mesure où elle illumine toutes les visions que l'on contemple et qui s'accroissent avec la pratique ; ces visions forment la clarté propre à la Sagesse du Discernement ; elle est également conçue comme une "lampe", dans la mesure où elle illumine les perceptions grossières des objets extérieurs constitués des cinq éléments ;
— cette Lampe est celle de l'Eau (chu) dans le sens où l'élément eau est ce qui permet de séparer le pur de l'impur et où l'élément eau représente l'éclat même du sens visuel ;
— elle capte ce qui est perçu dans le Lointain (rgyang) dans le sens où la conscience du mental chevauche le destrier des cinq sens et appréhende les objets extérieurs (considérés comme lointains parce que contemplés à l'extérieur de soi) ; on la définit également de la sorte parce qu'elle permet d'appréhender les visions du Corps du Discernement (rig pa'i sku) qui semblent apparaître dans le lointain ; elle repousse également "au loin" les aspects saṃsāriques et rapproche de nous les aspects nirvāṇiques qui se trouvent éloignés de notre condition actuelle ;
— elle est enfin définie comme un Lasso (zhags) dans la mesure où elle permet à l'esprit de saisir les objets extérieurs comme avec un lasso, en attrapant ainsi ce qui se trouve au loin ; la notion de lasso s'étend également à l'idée voulant que cette Lampe permette d'attraper (i.e. de voir) les visions mêmes du Discernement.

En pratique, on distingue trois sortes de "Lointain-Lassos", à savoir :

  1. la Lampe d'Eau du Lointain-Lasso qui rassemble les éléments ('byung ba 'dus pa'i rgyang zhags chu'i sgron ma) au sein de laquelle se meut l'élément air ; cet aspect correspond à la partie du canal de lumière semblable à une corne de Bamen ;[1]
  2. la Lampe d'Eau du Lointain-Lasso qui rassemble la Sagesse (ye shes 'dus pa'i rgyang zhags chu'i sgron ma) qui appréhende les couleurs de la Sagesse rayonnant au sein du canal de lumière ;[2] et
  3. la Lampe d'Eau du Lointain-Lasso qui rassemble les sens (dbang po 'dus pa'i rgyang zhags chu'i sgron ma) qui appréhende les formes visuelles, à l'exclusion des visions de la Sagesse.

Dans la littérature décrivant les Lampes, la véritable Lampe d'Eau est la seconde, les deux autres correspondant respectivement au support physique de l'œil (et du canal qui aboutit au centre des pupilles) et à la faculté visuelle. Leurs caractéristiques sont les suivantes :

  1. la première est le "lieu" (gnas, c'est-à-dire le support physique) ou la porte sensorielle par laquelle les manifestations sont appréhendées visuellement ;
  2. la seconde est la Lampe permettant d'appréhender clairement les visions naturelles de la Claire-Lumière ; et
  3. la troisième est la conscience visuelle qui permet de voir les objets visuels.

Si l'on se limite à la Lampe d'Eau qui appréhende les visions de la Sagesse, le sanctuaire de cette Lampe se trouve au centre même des pupilles (mig gi a 'bras), c'est-à-dire à l'extrémité supérieure du canal reliant le cœur aux yeux.

Notes

  1. Le Bamen est le Budorcas taxicolor taxicolor, c'est-à-dire le Takin de l'Himalaya.
  2. Cet aspect n'appréhende que les visions de la Sagesse et en aucune manière les manifestations de l'égarement.

Jean-Luc Achard 8 décembre 2019 à 16:42 (CET)