Filet de Brahma, Rituel de Consécration avec Elaborations

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Le Filet de Brahmā, Rituel de Consécration avec Elaborations (sPros bcas kyi dbang chog tshangs pa'i drwa ba) སྤྲོས་བཅས་ཀྱི་དབང་ཆོག་ཚངས་པའི་དྲྭ་བ།

Signification littérale

spros bcas: avec élaborations; —kyi : marque du génitif ; —dbang: consécration, initiation ; —chog: rituel ; —tshangs pa’i: Brahmā + marque du génitif ; —drwa ba: filet.

Définition

Ce texte est le premier des quatre rituels d’initiation (dbang chog bzhi) du Lama Yangtik de Longchenpa.[1]

Son titre final est Le Filet de Brahmā Clarifiant la Consécration de l’Aiguière avec Elaborations (sPros bcas bum pa'i dbang gi gsal byed tshangs pa'i dra ba).

Structure

La structure du texte est la suivante :

1. Les caractéristiques des personnes engagées dans le rituel (cho ga la ‘jug pa’i gang zag gi mtshan nyid)

1-1. les caractéristiques du maître qui révèle les enseignements (ston byed slob dpon gyi mtshan nyid)[2]
1-2. les caractéristiques du disciple auquel les enseignements vont être révélés (bstan bya slob ma’i mtshan nyid)[3]

2. La préparation soignée des préliminaires (sngon ‘gro legs par bsham pa)

3. La pratique principale (dngos gzhi) ou transmission de la Consécration (dbang bskur ba)

3-1. La bénédiction de soi et du maṇḍala (bdag dang dkyil ‘khor byin gyis brlabs pa)
3-2. L’entrée des disciples (slob ma ‘jug pa)
3-2-1. La formulation de la supplique (gsol gdab pa)[4]
3-2-2. L’autorisation (gnang ba sbyin pa)
3-2-3. La prise de Refuge (skyabs ‘gro)[5]
3-2-4. Le développement de la bodhicitta (sems bskyed)[6]
3-2-5. La cordelette de protection (srung skud)[7]
3-2-6. La proclamation des serments (dam tshig bsgrag pa)[8]
3-2-7. La descente de la Sagesse ( ye shes dbab pa)[9]
3-2-8. Le jet de la fleur (me tog dor ba)[10]
3-2-9. L’attribution du nom (ming btags pa)[11]
3-2-10. L’ouverture du bandeau couvrant les yeux (mig dar dbye ba)[12]
3-2-11. L’explication des choses à contempler (mthong ba bstan pa)
3-2-11-1. La contemplation du maître (bla ma'i mthong ba)[13]
3-2-11-2. La contemplation du maṇḍala (dkyil 'khor gyi mthong ba)[14]
3-2-11-3. La contemplation des objets rituels (rdzas kyi mthong ba)[15]
3-2-11-4. La contemplation des frères et sœurs de vajra (mched lcam gyi mthong ba)[16]
3-3. La transmission concrète de la Consécration (dbang bskur ba dngos)
3-3-1. La Consécration de l’Aiguière (bum pa'i dbang)[17]
3-3-2. La Consécration de l’Arcane (gsang ba'i dbang)[18]
3-3-3. La Consécration à la Sagesse de la Connaissance Sublimée (shes rab ye shes kyi dbang)[19]
3-3-4. La Consécration Verbale (tshig dbang) ou confrontation au principe (don ngo sprad)[20]
  • Section non numérotée qui représente le panégyrique du texte, suivi par les conseils finaux,[21] les versets de conclusion, et le colophon qui indique simplement que le rituel fut agencé par Longchenpa, le Yogi du Véhicule Suprême.

La symbolique du maṇḍala

Le maṇḍala est composé des dix-neuf éléments suivants :

  1. le cercle bleu tracé au centre représente la Réalité (chos nyid), c’est-à-dire la Base (gzhi) de l’état naturel ;
  2. les huit pétales de lotus représentent l’éclat des souffles qui s’élèvent au sein de la Base ;
  3. la forme carrée du mandala symbolise les quatre éléments et leurs lumière spécifique ;
  4. les quatre cours intérieures et les quatre portes représentent les quatre activités ;
  5. les cinq murs de la Citadelle symbolisent l’éclat naturel des Cinq Sagesses ;
  6. les quatre arches représentent les quatre illimités ;
  7. les huit cervidés symbolisent les huit consciences ;
  8. les quatre Roues représentent les quatre prédications du Dharma, en modes extérieur, intérieur, secret et insurpassable ;
  9. les quatre auvents symbolisent la permanence, la stabilité, l’immuabilité, et la spontanéité de la Base ;
  10. les multiples vajras représentent la perfection originelle de tous les phénomènes ;
  11. la pièce de coton symbolise les plaisirs des sens qui émergent sans avoir à être rejetés ;
  12. les corniches représentent la diversité des désirs ;
  13. les festons symbolisent les qualités inhérentes à la Base ;
  14. les parapets représentent la Compassion impartiale ;
  15. les balustrades symbolisent la quintessence de la Claire-Lumière;
  16. le champ pur lui-même représente notre propre vision spontanément accomplie ;
  17. le trône de soleil représente la Connaissance Sublimée s’enroulant dans l’Espace ;
  18. l’enceinte de vajra représente l’immuabilité de l’Espace ; et
  19. la guirlande rayons lumineux qui entoure le tout, représente le déploiement spontané des Cinq Corps et des Cinq Sagesses au sein de l’Espace.

La symbolique des objets rituels

Les onze principaux objets rituels sont les suivants :

  1. Les cinq aiguières représentent les Cinq Clans ;
  2. les cinq rubans entourant le bec des aiguières symbolisent les cinq Pères et Mères ;
  3. les cinq bec verseurs représentent le Corps, le Verbe, le Cœur, les Qualités, et les Activités ;
  4. les cinq cristaux symbolisent la Pureté Primordiale du Corps Absolu ;
  5. les cinq ocelles de paon représentent l’éclat naturel des cinq Lampes ;
  6. les cinq miroirs symbolisent les Cinq Sagesses ;
  7. les cinq flèches représentent les Cinq Connaissances Sublimées ;
  8. les cinq étoffes de soie multicolores symbolisent les cinq souffles ;
  9. les quatre dagues ou phurbas représentent l’immuabilité de l’Espace ;
  10. les quatre poignards symbolisent les quatre types de naissances ; et
  11. les offrandes de tormas, etc., symbolisent les objets qui réjouissent les sens.

Notes

  1. Les trois autres sont : 1. Le Filet des Joyaux, Rituel de Consécration sans Elaborations (sPros med kyi dbang chog rin po che'i drwa ba), 2. Le Filet de Lotus, Rituel de Consécration Extrêmement vierge d'Elaborations (Shin tu spros med kyi dbang chog padma'i drwa ba), et 3. Le Filet de Lumière, Rituel de Consécrations Totalement vierge d'Elaborations (Rab tu spros med kyi dbang chog 'od kyi drwa ba).
  2. A savoir : 1. être un expert dans les principes des Sūtras et des Tantras ; 2. posséder une familiarisation avec les points-clefs de la Quintessence manifeste ; et 3. avoir sublimé son propre esprit et être capable de libérer le continuum d’autrui.
  3. A savoir : 1. être capable de concevoir le maître qui révèle les principes de la Quintessence manifeste comme un Buddha ; 2. être animé par la dévotion et abandonner les non-vertus comme on se détourne d’un serpent ; 3. être généreux avec ses possessions pour faire la requête des instructions authentiques permettant de discerner la signification de l’égarement ; et 4. avoir de la foi, du respect et être généreux envers le maître.
  4. C’est-à-dire la requête de la transmission.
  5. Dans cette section du rituel, le maître explique tout un ensemble d’équivalences chiffrées, révélant ainsi que les pétales de canaux (rtsa ‘dab) représentent la communauté des aspirants aux vertus (dge ‘dun, saṅgha) ; que les Thiglés (thig le) représentent les enseignements (chos) ; que l’éclat purissime des cinq souffles (rlung lnga’i dwangs ma) représente les Cinq Sagesses (ye shes lnga) ; et que la purification des trois passions-racines — colère-aversion, désir-attachement, et nescience — représente les Trois Corps du Plein Eveil (sangs rgyas sku gsum). C’est précisément dans l’ensemble de ces principes que l’adepte prend Refuge.
  6. Avec ces deux modalités, d’aspiration (smon pa), et d’application (’jug pa).
  7. Cette cordelette est faite de fils de cinq couleurs différentes, symbolisant les Cinq Sagesses qui protègent l’adepte des conceptions dualistes caractérisant l’existence conditionnée. Lorsqu’elle n’entoure pas le cou, cette cordelette est attachée à l’épaule droite du yogi et à l’épaule gauche de la yogini.
  8. Les impétrants reçoivent l’eau adamantine des serments (dam tshig rdo rje’i chu), c’est-à-dire un sacrement qui, s’il est brisé, entraînera une renaissance dans les enfers crématoires pendant de nombreuses ères cosmiques. En revanche, si ce sacrement est préservé, alors les plus grands siddhis pourront être accomplis.
  9. Les disciples adoptent la posture adamantine et se visualisent sous la forme de Samantabhadra en union. Le maître leur explique, que, dans leur propre corps, la Roue des Emanations du nombril (lte ba sprul pa’i ‘khor lo) est le sanctuaire en lequel se trouve le Corps d'Apparition exprimé sous la forme d’un Corps lumineux ; que la Roue de l‘Absolu du cœur (snying ga chos kyi ‘khor lo) est le sanctuaire du Corps Absolu, exprimé sous la forme des Cinq Clans de Buddhas (sangs rgyas rigs lnga) ; que la Roue des Jouissances de la gorge (mgrin pa longs spyod ‘khor lo) est le sanctuaire du Parfait Corps de Jouissance, exprimé sous la forme de Vidyādharas porteurs des marques majeurs et des signes secondaires ; et que la Roue du Grand Délice du sommet de la tête (spyi bo bde chen ‘khor lo) est le sanctuaire de la fusion des Trois Corps (sku gsum ‘dus pa), exprimés sous la forme des déités courroucées.
  10. Les disciples ont les yeux bandés et jettent une fleur sur le maṇḍala d’initiation, l’endroit où la fleur tombe indiquant le Clan (rigs) auquel ils appartiendront.
  11. Il s’agit d’un nom secret (gsang mtshan) donné pendant cette initiation. Ces noms sont spécifiques aux parties du maṇḍala sur lesquelles la fleur est tombée. Par exemple, le nom Dorje Nyingpo (rDo rje snying po) indique que la fleur est tombée sur la partie Est du maṇḍala et que l’adepte qui reçoit ce nom appartient au Clan du Vajra (rdo rje’i rigs). Longchenpa prend par ailleurs la peine de fournir les noms pour les yoginis qui reçoivent cette même initiation.
  12. Le maître utilise symboliquement une aiguille d’or (gser gyi thur ma) pour ouvrir — toujours symboliquement — les yeux des disciples et chasser ainsi leur ignorance (ma rig pa). Les disciples sont alors confrontés à l’éclat lumineux du Discernement demeurant à l’intérieur de leur cœur.
  13. Qui doit être vu comme un Buddha.
  14. Voir infra la section intitulée “La symbolique du maṇḍala”.
  15. Voir infra la section intitulée “La symbolique des objets rituels”.
  16. C’est-à-dire percevoir ces frères et sœurs de vajra comme des Héros (dpa’ bo) et des Yoginis (rnal ‘byor ma), autrement dit comme ayant une nature de dieux et de déesses.
  17. Dans cette Consécration, l’aiguière centrale du maṇḍala représente l’Espace de la Réalité (chos nyid dbyings) et l’eau qu’elle contient, la Sagesse Née-d’elle-même (rang byung ye shes). Une goutte d’eau est posée sur la tête du disciple qui devrait ainsi, ultimement, réaliser la Sagesse de l’Espace Absolu (chos dbyings ye shes). Avec l’aiguière orientale, il devrait réaliser la Sagesse semblable au Miroir (me long ye shes) ; avec celle du sud, la Sagesse de l’Egalité (mnyam nyid ye shes) ; avec elle de l’ouest, la Sagesse Discriminante (so sor rtogs pa’i ye shes) ; et avec elle du nord, la Sagesse d’Accomplissement des Activités (bya ba grub pa’i ye shes).
  18. Le maître pose un kapala gorgé d’ambroisie sur les quatre Roues (’khor lo bzhi) du disciple pour que ce dernier reconnaisse le Corps Absolu libre de toute limitation.
  19. Cette section du rituel implique l’utilisation concrète (dngos) ou imaginaire (yid kyis) d’un sceau d’action (las kyi phyag rgya). Grâce à cette union, le disciple franchit les quatre Joies (dga’ bzhi).
  20. Cette Consécration s’appuie sur quatre énoncés symboliques dans lesquels le maître demande au disciple s’il voit telle ou telle chose dans le ciel. Jadis, jusqu’au 14e siècle, ces énoncés étaient donnés tels quels, sans explication, le disciple devant parvenir par lui-même à la compréhension correcte des symboles suggérés. Ensuite, avec la codification des Consécrations sur un mode plus élaboré, les explications qui fournissent le sens véritable de ces énoncés ont été mise par écrit. Ce sont elles qui figurent dans la présente section du rituel. Pour une idée de la nature de ces énoncés et de leur signification, voir Achard, The Precepts in Eight Chapters , passim.
  21. Par exemple les années propices à la transmission de ce rituel, à savoir les années du Rat, du Dragon, du Cheval, et du Cochon.

Jean-Luc Achard 5 août 2022 à 18:22 (CEST)