Abîme Diapré traitant de l'existence en accord avec la Section de l'Esprit

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Abîme Diapré traitant de l'existence en accord avec la Section de l'Esprit (yod smra sems sde dang mthun pa'i klong khra bo) ཡོད་སྨྲ་སེམས་སྡེ་དང་མཐུན་པའི་ཀློང་ཁྲ་བོ།

Signification littérale

yod : existence; —smra: affirmer; —sems sde: Section de l’Esprit; —dang mthun pa'i : en accord avec + marque du génitif; —klong: Abîme; —khra bo: diapré, bariolé.

Définition

Cet Abîme est l'une des trois subdivisions principales de l'Abîme Diapré.

Explication

Le thème central de cet Abîme est celui de la connaissance de l'état naturel, autrement dit de la Sagesse Née-d'elle-même (rang byung gi ye shes) définie en fonction d'une Essence (ngo bo), d'une Nature (rang bzhin), et de caractéristiques (mtshan nyid):

  1. Cette Sagesse est conçue comme animée d'une Essence naturellement pure (rang dag), dans la mesure où elle est intrinsèquement vierge de toute différenciation en termes d'existence et de libération.[1]
  2. Sa Nature étant indépendante de toute affirmation ou négation, elle est définie en tant que Claire-Lumière (‘od gsal).
  3. Ses caractéristiques étant fondamentalement non duelles, émergence et libération sont fusionnées au sein de l'Esprit et en tant qu'expression de celui-ci.<Autrement dit, tout ce qui émerge et se libère au sein de cette Sagesse s'exprime comme son propre dynamisme naturel (rang rtsal).

Pour synthétiser les principes de cet Abîme, Longchenpa dit :

Ainsi donc, puisque leur déploiement émerge sans aucune entrave, apparences et esprit se libèrent de manière non duelle; du fait même de son Essence vierge de concepts, (au sein de cet Abîme,) les phénomènes du Saṃsāra et du Nirvāṇa, des apparences et des désignations sont définis comme “s'exprimant au cœur même de leur propre état comme étant [déjà] primordialement libérés”.[2]

Glose

Cet Abîme explique la Sagesse de l'état naturel ou Sagesse Née-d'elle-même comme étant existante, conformément aux représentations de la Section de l’Esprit.

[1]. L'Essence de cette Sagesse est naturellement pure dans le sens où elle est “automatiquement” vierge de toute souillure, s'exprimant en une pureté virginale qui caractérise le Corps Absolu de l'état naturel. Au sein de cette virginité primordiale, notre état naturel n'est pas conditionné par les représentations que l'on peut se faire de lui, en termes d'existence (yod pa) ou de libération (grol ba). Cela signifie que cet état ne dépend pas des définitions que l'on donne de lui, que celles-ci portent sur son éventuelle existence ou sur le fait qu'il est libéré des élaborations que l'on projette sur lui.
[2]. Sa Nature est animée d'une luminosité naturelle que l'on définit comme la Claire-Lumière. Cela signifie que cette Nature est rayonnante et discernante à la fois[3] et qu'elle ne dépend pas d'affirmations ou de négations reposant sur l'analyse intellectuelle. Elle est ab aeterno rayonnante au sein de l'Espace primordial lui-même. Fondamentalement, on peut la définir comme la Sapience originelle de l'état naturel.
[3]. Son Essence et sa Nature forment ses caractéristiques non duelles, indifférenciées à l'image du feu et de la chaleur, de l'eau et du fait de mouiller, etc. Ces deux caractéristiques représentent la Vacuité-Clarté de l'état naturel au sein duquel l'émergence des perceptions et leur libération s'élèvent spontanément, formant le jeu ou déploiement de l'Esprit lui-même.
[4]. Ce déploiement est spontané, dans le sens où il n'est pas causé et où il ne connaît aucune entrave. Les apparences ou perceptions se libèrent ainsi naturellement au sein de l'Esprit sans laisser de trace. Au cœur même de cet état, les proliférations sont purement et simplement libérées depuis l'origine, sans rejet ni application d'antidotes.

Notes

  1. En d'autres termes la Sagesse Née-d'elle-même n'est ni existante ni non existante et ne dépend pas d'un processus de libération parce qu'elle est déjà libre depuis l'origine (ye grol).
  2. Longchenpa, Grub mtha' mdzod, p. 358.
  3. Il faut rappeler ici que, eu égard au contexte, Clarté (gsal ba) et Discernement (rig pa) sont synonymes dans le Dzogchen.

Bibliographie

Longchenpa, Grub mtha' mdzod, pp. 358-359.


Jean-Luc Achard 15 août 2017 à 16:14 (CEST)